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Jean-Yves Camus (Chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques [IRIS] et directeur de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès [ORAP]) analyse les résultats de l’élection législative partielle dans le Doubs. l’UMP doit engager une offensive tous azimuts contre l’extrême droite.

La ligne droitière du précédent quinquennat n’a pas asséché les ressources électorales frontistes. Parce que les électeurs du FN veulent, sur l’identité nationale, l’immigration, l’Europe, des changements radicaux que la droite ne sera jamais à même d’impulser sans se renier.
Il faudrait la sortie pure et simple de l’Union européenne, l’arrêt total de l’immigration, voire l’inversion des flux migratoires (et non l’immigration choisie), une définition ethnico-religieuse de l’identité française et non plus simplement l’appel à l’assimilation à la culture dominante, jamais précisément définie.

Au-delà de l’enjeu local, le FN a réussi à mettre en difficulté l’UMP : en l’éliminant au premier tour puis en la faisant se déchirer comme jamais sur la question du « front républicain ». […] Il faut aussi admettre que la formule consacrée selon laquelle le Front national serait un parti antirépublicain, véhiculant le racisme et l’antisémitisme, n’est plus opérante.
Nous arrivons là au cœur du problème : la classification du lepénisme. La notion de République a recouvert successivement dans l’histoire bien des nuances : la République en armes, plébiscitaire, autoritaire, parlementaire, puis le régime présidentiel. Nul ne peut dire à quoi la forme du gouvernement ressemblerait si le FN arrivait au pouvoir, mais, formellement, il ne souhaite pas abolir la République.
Il faut donc expliquer que celle-ci ne vaut que par les principes d’égalité et de redistribution, ce qui implique d’argumenter son incompatibilité avec la notion de préférence nationale. C’est l’acceptation ou le refus du « nativisme », terme de loin préférable à ceux de xénophobie et de racisme, qui constitue le cœur du problème posé par le FN. Quant à l’argument de l’antisémitisme, il devient irrecevable en raison de l’évidente différence de nature entre la rhétorique frontiste et la violence armée des islamistes radicaux. […] Le Monde

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