Un chargé de cours, Jean-Claude Radier, a été démis pour avoir refusé de faire cours devant une jeune fille voilée. Jean-Paul Brighelli demande que tous les enseignants du supérieur fassent comme lui.
Un vrai enseignant, justement, peut-il accepter cette négation des Lumières que constituent voile, burqa, tchador, et autres facéties destinées à célébrer la liberté de la femme ?
Il faut que l’on remette très vite en discussion une extension de la loi de 2004 – non seulement aux universités, mais à tous les sites dépendant de l’État. Qui ne voit qu’un référendum sur l’interdiction du voile sur la vie publique ferait un tabac ? Je n’en suis pas là, mais je suggère à un parti intelligent (pas à des populistes qui font leur beurre avec l’angoisse des autres) de lancer une pétition nationale.
Je demande instamment à tous mes collègues de l’enseignement supérieur – en particulier aux profs de fac et aux maîtres de conférences, qui ne risquent rien – de refuser de faire cours en présence de Belphégor. Qu’ils ne s’imaginent pas convaincre de jeunes innocentes manipulées que ce qu’elles font est stupide. La superstition est imperméable à la raison. Quand les présidents d’université auront des problèmes partout, ils réfléchiront peut-être au fait qu’il vaut mieux prendre des mesures concernant quelques milliers d’imprudentes que de priver de cours 1,7 million d’étudiants, pris en otage par une minorité qui voudrait faire croire qu’elle est opprimée, alors qu’elle est à l’offensive.
Jean-Claude Radier a rué dans les brancards, mais grâce au président de l’université, Jean-Loup Salzmann, l’ordre règne à nouveau à Villetaneuse – cette même université de Paris-XIII à laquelle appartient l’IUT de Saint-Denis, dont le directeur a été menacé, puis agressé, pour avoir interrompu les activités d’une association étudiante confessionnelle qui s’était annexé un local de la fac pour y entreposer des tapis de prière, et avait extorqué le droit de vendre des sandwiches hallal, alors que c’est une prérogative du Crous. […] C’est que les affaires liées à l’entrisme de l’islam dans l’université se multiplient, comme n’a pas manqué de le souligner Guylain Chevrier, ajoutant que partout le contenu même des enseignements est contesté, au nom d’une critique postcoloniale, et que partout un petit groupe organisé fait pression sur le grand groupe inorganisé des indifférents et des lâches. “Faut-il attendre que les problèmes se généralisent ?” D’autant que certains universitaires sont clairement complices – Paris-VIII a ainsi accueilli en décembre 2014 une conférence sur l’islamophobie, dont Tariq Ramadan était la vedette. Les idiots utiles font leur boulot. Le camp du bien réunit les siens. […] Que faire ? À court terme, les collègues profs de lettres peuvent mettre au programme tout ce qui hérisse les fondamentalistes – Voltaire, Sade, Cyrano de Bergerac, Darwin, l’analyse diacritique des textes religieux. Mais en droit ? Mais en sciences ? L’intégralité du rapport rédigé à la suite des troubles de l’IUT de Saint-Denis est terrifiante. C’est à tous les niveaux que les dysfonctionnements permettent à une minorité d’imposer sa loi. […] Le Point