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Pour le grand rabbin de France, Haïm Korsia, la place des juifs de France est en France. Il revient sur les relations étroites qu’ils ont tissées en deux siècles avec la République et ses principes. Et comment les croyants doivent se mettre au service de la laïcité.

Les juifs sont – et ont toujours été – des champions de l’universel. Leur place, plus que jamais, est au cœur du rêve républicain.

L’islam de France, comme toutes les autres religions, peut et doit porter le réenchantement de l’idée de citoyenneté.

La IIIe République, comme vous le suggérez, a eu sa grandeur. Mais, en proclamant «Français dans la ville, juifs à la maison», elle a aussi généré une forme de schizophrénie. La loi de 1905 portant séparation des Eglises et de l’Etat nous permet aujourd’hui d’être tout le temps français et juifs, comme d’autres peuvent être français et croyants ou non croyants.

Le président de la République a déclaré qu’il ne reconnaissait qu’« une seule communauté, la communauté nationale »…
Haïm Korsia : Il a raison…
Certes, mais faut-il revenir à la conception des révolutionnaires de 1791, qui suivirent Stanislas de Clermont-Tonnerre – « Il faut tout refuser aux juifs comme nation et tout accorder aux juifs comme individus » ? Or, pour vous, la communauté juive existe bien. Alors, quelles sont les relations entre les juifs et la République aujourd’hui ?
La France, dans sa Constitution, ne reconnaît qu’une seule communauté, la communauté nationale. Dans cette communauté nationale, il existe des sous-communautés : religieuses, philosophiques, etc. Une même personne peut à la fois être membre de la communauté juive et d’un parti, d’un club de bridge et supporteur du PSG. Cela signifie qu’en principe personne ne peut opposer deux groupes d’individus, que l’on appellerait « communautés », parce que nous appartenons tous à la communauté nationale. Structurée autour des valeurs républicaines, celle-ci nous donne le pouvoir incroyable d’être des citoyens. […] Goethe a écrit : « Les juifs sont le thermomètre du degré d’humanité de l’humanité. » C’est plus vrai que jamais ?
Oui, car les juifs, dans l’imaginaire raciste, inquiètent par ce que Paul Ricœur a nommé leur «mêmeté», tout en représentant l’altérité absolue. […] Marianne

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