Extraits d’une tribune du recteur de la mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou, né au Maroc.
L’islam est-il compatible avec la laïcité ? C’est une mauvaise question. L’islam n’est pas une civilisation. Aujourd’hui, il pénètre une nouvelle aire. Le rôle qui incombe à des gens comme moi, c’est de faire l’interface, le pont entre la communauté et la société. D’avoir un discours religieux qui permette l’intégration des musulmans dans la société.
Comment analysez-vous le débat récurrent sur la laïcité, ces dernières années en France ?
L’islam, par sa visibilité, déstabilise l’identité nationale. Les gens n’ont pas été préparés à accueillir cette visibilité. Quand les primo-migrants sont venus pour construire la France, on a accueilli des bras, mais on a oublié qu’avec les bras viennent des cultures et des religions. Ils ont transmis ce qu’ils ont pu à leurs enfants : une religion mélangée avec la culture d’origine. Mais la mondialisation a fait que d’autres discours sur l’islam se sont installés dans l’Hexagone. […]
L’islam permet-il de séparer ente le politique et le spirituel ?
Les musulmans, ici, sont français. Ils appartiennent à une communauté politique nationale et à une communauté spirituelle mondiale. Mais c’est l’allégeance juridique citoyenne qui l’emporte sur l’allégeance spirituelle. Et ça c’est le Coran qui l’installe. Il n’y pas d’antinomie entre la République et l’islam.
Le Monde
