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Présentation par François Dubet du livre de Béatrice Mabilon-Bonfils (sociologue) et Geneviève Zoïa (ethnologue) , “La laïcité au risque de l’Autre”, ‘Éditions de l’Aube).
La rhétorique laïque dissimulerait-elle un discours de l’ordre social et de l’exclusion du peuple et des anciens colonisés ? François Dubet souligne l’intérêt de prendre au sérieux le raidissement et le retournement conservateur dont la laïcité fait l’objet. Il invite également à nuancer cette thèse pour trouver les voies d’une alternative laïque. […]

La neutralité laïque inviterait les enfants des diverses immigrations à laisser leur culture et leur identité à la porte de l’école, pendant que les élèves des classes moyennes verraient, au contraire, leurs goûts et leurs choix valorisés par une école laïque qui leur ressemble.

À l’école elle-même, la laïcité serait une manière de se protéger des enfants de migrants, notamment des musulmans, et des problèmes sociaux qui envahissent les établissements quand l’école de la République serait une machine à classer et à exclure bien plus qu’une institution capable d’intégrer les nouveaux venus et d’émanciper les individus. […] Alors que la laïcité de Ferdinand Buisson et de Jules Ferry pouvait porter un projet libérateur séparant les Églises et l’État, promouvant l’égalité des citoyens – en tous cas des hommes français, beaucoup moins des femmes et des colonisés – et protégeant les libertés individuelles, la laïcité ne serait plus invoquée que pour se protéger des cultures et des populations venues du Sud, que pour refuser l’Islam alors qu’elle s’accommode si bien d’un christianisme sécularisé, que pour se protéger des banlieues populaires toujours associées à la délinquance, à l’assistance, aux archaïsmes culturels et à l’anomie familiale. […]

Si la laïcité n’est devenue qu’une manière de se défendre de ceux que l’on voit toujours comme étant « issus de l’immigration » à la troisième génération, si elle n’est souvent, disent les auteures, qu’une des expressions de l’islamophobie, c’est parce que nous somme entrés dans la « seconde modernité », dans le monde des sociétés plurielles et des identités fluides et mobiles. Il faut donc «déconstruire» les discours de l’identité et de la nation, montrer comment les perceptions de soi et d’autrui sont des constructions défensives réifiant les identités pour mieux maintenir les hiérarchies culturelles et les rapports de domination. […]

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Merci à Lilib

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