Depuis la création de l’association en 2003, les agressions en question sont difficiles, voire impossibles, à vérifier. Les faits incriminés ne sont d’ailleurs plus listés depuis 2013 dans les rapports du CCIF. Auparavant, il s’agissait principalement en la matière de refus d’accès dans des agences bancaires, de refus de cours de conduite, de refus d’accès dans des salles de cours et, plus rarement semble-t-il, de refus de service (un café thématique à Marseille, par exemple, avait refusé leur entrée à deux jeunes filles voilées).
Ces contraventions à la loi semblent avoir laissé place à des agressions physiques, principalement perpétrées contre des femmes enceintes.
En page d’accueil du site, toujours, une carte de France piquée d’innombrables épingles rappelant celles d’un poste de police et ayant pour légende: «Une image valant plus que mille mots, nous vous proposons de suivre l’intolérable actualité islamophobe au quotidien sur Google Maps.» Ainsi présentée, elle donne l’impression de recenser au fur et à mesure qu’ils se déroulent les crimes et délits antimusulmans. À y regarder de plus près, il n’en est rien: y sont pêle-mêle listés des actes dont certains datent de 2010 et qui, le plus souvent, ne sont pas précisés.
Ainsi, depuis les agressions de femmes voilées à Argenteuil (non élucidées à ce jour), un autre cas apparaît en recherche aléatoire sur la carte: une quinquagénaire aurait commis exactement le même geste que les agresseurs d’Argenteuil (arrachage du voile et coups dans le ventre) sur une femme enceinte, à Bourges, en 2014, l’obligeant à accoucher quelques jours avant terme. Le CCIF reproche à la police de s’être «contentée de poser quelques questions».
Découverte en sondage aléatoire encore, cette information: en 2010, la Semmaris, société gérant le marché de Rungis, aurait été poursuivie pour discrimination raciale envers un grossiste de viande halal. Une recherche rapide montre que la Semmaris a été relaxée, le commerçant s’étant livré à des violations du règlement intérieur.
On serait en droit d’attendre un sérieux statistique implacable de la part d’une source qui annonce, chaque année et de plus en plus fort, une fièvre islamophobe française potentiellement meurtrière.
Le CCIF ne cesse de le rappeler, et le rappelle évidemment sur sa page d’accueil: l’islamophobie tue en France. La carte, toujours en sondage aléatoire, pointe un meurtre islamophobe commis à Dreux en 2011 sur un homme sortant d’une mosquée, Archane Nouar. Quelques recherches montrent que deux criminels ont été jugés pour cela en cour d’Assises le 8 mars 2011. L’un d’entre eux, Nassim Djellal, a été condamné à dix ans de prison pour violences volontaires ayant entraîné la mort (et non pour meurtre), sans que le juge ait relevé l’aggravation d’islamophobie (il s’agissait apparemment d’une sordide affaire de règlements de comptes).
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