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Après avoir éliminé les postes routiniers, l’intelligence artificielle, les robots et les logiciels se substituent à bon nombre d’emplois qualifiés.

Cela ne fait guère de doute pour certains : la révolution numérique a déjà et aura encore des conséquences profondes sur l’emploi. Après avoir éliminé les postes routiniers, l’intelligence artificielle, les robots et les logiciels se substituent à bon nombre d’emplois qualifiés. Aujourd’hui, nous avons des prototypes de voitures sans pilote, Skype, et le bureau moderne est truffé d’ordinateurs personnels tandis qu’apparaît Baxter, un robot industriel particulièrement sophistiqué conçu par une entreprise du Massachusetts.

Dans Le deuxième âge de la machine, Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee, tous deux professeurs au MIT, annoncent que la technologie est à un “point d’inflexion”, et nous sommes sur le point d’en découvrir les profondes conséquences.

Cette opinion n’est pas partagée par tout le monde, et notamment pas par les tenants de la stagnation séculaire, dont le chef de file est Robert Gordon, professeur à l’Université Northwestern, pour qui la révolution numérique n’entraînera pas les changements révolutionnaires apportés par la deuxième révolution industrielle avec l’électricité, le moteur à combustion et la radio sans fil, mais seulement des innovations de rupture, comme celles des taxis avec Uber ou du commerce de détail avec Amazon.

Deux économistes d’Oxford, Carl Frey et Michael Osborne, estiment que 47 % des emplois aux États-Unis sont menacés, car exposés à un haut risque de numérisation dans les deux prochaines décennies

Il est bien sûr impossible de savoir si Gordon pèche par excès de pessimisme. Des idées qui semblaient stériles il y a quelques années à peine produisent aujourd’hui des résultats, ce qui inspire à Paul Krugman, prix Nobel d’économie, ce commentaire “Mon instinct me dit que Bob (Gordon), malgré une argumentation solide, se trompe probablement”.

Si nous sommes effectivement face à une nouvelle révolution industrielle, deux économistes d’Oxford, Carl Frey et Michael Osborne, estiment que 47 % des emplois aux États-Unis sont menacés, car exposés à un haut risque de numérisation dans les deux prochaines décennies. Parmi ces métiers se trouvent : analyste crédit, technicien géologue, grutier, chauffeur, cartographe, agent immobilier, bagagiste, etc.

S’il s’agit d’un travail manuel (plombier), le risque de le voir confier à un ordinateur dans les vingt prochaines années est moindre, de même que devraient prospérer les salariés aux tâches plus intellectuelles qui exigent de l’intelligence créative et sociale. Mais cela n’implique pas la fin de l’emploi. La récession aux États-Unis et en Grande-Bretagne a accéléré le déclin des tâches routinières, mais la croissance de l’emploi s’est révélée solide. Ne tombons pas dans le sophisme du gâteau de l’emploi, avec l’idée funeste (des 35h) qu’il y a dans l’économie une quantité fixe de travail à se partager.

Le nouvel Economiste

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