En cette fin d’hiver à Lampedusa, la place centrale, Piazza Garibaldi, bordée de palmiers et dominée par l’église San Gerlando, est semi-déserte. Seule animation, ces derniers jours, les va-et-vient de migrants entrant dans l’église où l’on distribue vêtements, chaussures et couvertures.
Ils en sortent avec des sacs bien remplis et les pieds au chaud, pour ceux ayant trouvé des tennis à leur pointure. Les autres restent chaussés de tongs, reçues à leur arrivée au centre de premiers secours et d’accueil.
« Même dans l’urgence, nous devrions être en mesure d’offrir la dignité dans l’accueil. Notre paroisse essaie, grâce aux dons, de pallier les manques. Mais nous ne parvenons pas à satisfaire tous les besoins », déplore le prêtre de l’île, Don Mimmo Zambetto…..
Certains de ses compagnons de voyage, dont Aman, 34 ans, qui veut rejoindre le Danemark, racontent leur parcours dans un anglais rudimentaire. Érythrée, Éthiopie, Soudan. Puis, après l’épreuve du désert, où « tant de morts sont laissés là où ils tombent », l’horreur des camps en Libye. « Nous étions une centaine dans deux pièces avec un WC, pratiquement sans vivres, durant six jours avant le départ sur un “bateau en plastique en mauvais état” », affirme Aman.
Abdi, 14 ans, Somalien, dit que sa famille a versé « 6 000 dollars (5 300 €) aux différents passeurs ». Il rêve de devenir footballeur en Norvège. Il tremble en parlant de la Libye. « Ils frappent les noirs à coups de bâton, menacent avec leurs armes ceux qui refusent de monter à bord d’un canot. » Filmon, Érythréen de 16 ans lui fait écho « On nous a poussés à l’eau, j’ai vu mourir trois amis. »
Entre le 1er janvier et le 17 février, plus de 6 500 migrants ont débarqué dans le sud de l’Italie – dont 1 215 sauvés le 15 février au sud de Lampedusa. Ils proviennent en majeure partie de l’Afrique sub-saharienne mais aussi du Burkina Faso, du Mali, de la Syrie. Parmi eux, 500 femmes et 700 mineurs dont 200 non accompagnés….
La Croix