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Extraits d’une tribune de Pascal Bruckner sur l’islam en Europe intitulée ” Le mode de vie occidental n’est pas négociable”.

Il ne s’agit pas d’islamiser l’Europe mais d’européaniser l’islam : en faire une religion parmi d’autres, dotée des mêmes droits et devoirs, et qui pourrait éventuellement rayonner ensuite sur le reste du monde musulman.

L’islam a toute sa place en Europe, il a droit à cet égard à la liberté de culte, à des lieux de prière décents et au respect : à condition qu’il respecte lui-même les règles républicaines et laïques, ne réclame pas un statut extraterritorial, dérogation de piscine et de gymnastique pour les femmes, enseignement à part, sécession spirituelle, faveurs et privilèges divers.

La liberté d’expression ne serait pas un tel enjeu si elle n’était d’abord une blessure : l’allergie que provoque la multitude des comportements et des convictions parmi nos semblables. Que d’autres hommes osent nous contredire, moquer nos opinions, adorer d’autres dieux est a priori insupportable. […]Il faut une longue éducation au pluralisme pour surmonter cette souffrance et accepter la diversité des croyances et des choix comme la norme d’une société ouverte. La démocratie a ceci d’unique qu’elle ne tue pas ses adversaires : elle admet le conflit des intérêts, la rotation des pouvoirs, la légitimité des désaccords. Elle a même, en Angleterre, transformé l’opposition en devoir. […] On peut juger le mode de vie occidental contraire à la décence, le critiquer, le moquer, s’en détourner comme d’un péché (c’est d’ailleurs le sens de l’expression : Boko Haram). Tel qu’il existe pourtant dans son imperfection, il semble préférable à ce qui se faisait jadis. Nous n’allons pas reléguer les femmes au foyer, couvrir leur tête, rallonger leurs jupes, embastiller les homosexuels, interdire l’alcool, limiter la liberté d’expression, bannir les caricatures religieuses, censurer le cinéma, le théâtre, la littérature, codifier la tolérance pour ne pas blesser les humeurs sourcilleuses de quelques dévots. Nous n’allons pas redescendre la route de l’Histoire à l’envers pour plaire aux obscurantistes et à leurs alliés «progressistes». […]

Pour cette tâche de longue haleine, il faut commencer par ne pas capituler, ne pas renier le cœur de notre héritage : l’esprit d’examen, l’égalité des sexes, la discrétion religieuse, le respect des droits et des libertés individuelles. Ces principes-là ne sont tout simplement pas négociables.
Libération

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