Voilà encore des chiffres qui vont à l’encontre des interprétations trop rapides que l’on peut entendre ici ou là sur la situation énergétique mondiale. Depuis 2009 et le début de l’incroyable progression des gaz et pétrole de schiste aux Etats-Unis, de nombreux rapports et commentaires promettent une disponibilité énergétique sans précédent à l’horizon 2020. Certains articles titraient même que nous risquions d’être noyés sous le pétrole !
Pourtant, le 15 février dernier, le Financial Times titrait: “Les nouvelles découvertes de pétrole et de gaz chutent à leur plus bas niveau depuis 20 ans”. En réalité, ce pourrait même être pire.
Alors que les découvertes d’hydrocarbures (Gaz + pétrole) étaient quasiment nulles au début du 20ème siècle, elles ont fortement progressé après la seconde guerre mondiale et ont passé leur pic en 1964, avec 124 milliards de barils équivalent pétrole (Gbep) en une seule année. Nous passions à l’époque ce que l’on appelle le “pic des découvertes“.
Comme après chaque passage d’un pic, il y a une descente et depuis 1980, les découvertes ne dépassent plus les 50 Gbep/an, dont 20 Gb de pétrole alors que le monde en consomme chaque année plus de 32 Gb !
Depuis 2010, la baisse des volumes découverts est constante malgré les prix très élevés et les investissements colossaux. En 2014, le total des découvertes est estimé à 16 Gbep, c’est-à-dire le plus bas niveau depuis 1952.
Autrement dit, le monde a découvert, en 2014, trois fois moins d’hydrocarbures qu’il n’en a consommé.
Ajoutons à cela qu’il s’agit uniquement de petits gisements. Aucun “gisement géant” (supérieur à 500 millions de barils) n’a été découvert cette année, ce qui montre que le nombre et la taille des gisements diminuent constamment, malgré les progrès technologiques et les prix élevés.
Ces chiffres n’ont pas d’incidence sur la production actuelle, ni pour les mois qui viennent, mais en revanche, ils présagent de très grandes difficultés avant 2020. Cela fait plus de vingt ans que nous consommons plus d’énergie que ce que nous découvrons, il est normal que cela ne dure pas. Sans vouloir être catastrophiste … il y a quand même de bonnes raisons de l’être !