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La ministre de l’Enseignement, Najat Vallaud-Belkacem, veut inciter les départements à revoir la répartition des élèves dans les établissements.
Pleine d’ambition, deux semaines après les attentats, la ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, annonçait la main sur le cœur qu’elle allait remettre de la mixité sociale dans les établissements scolaires. Les écoles ghettos, c’est ter-mi-né. Mais l’Etat a-t-il réellement les moyens d’agir ? La marge de manœuvre semble faible.

(…) La réforme voulue par Sarkozy, un objectif de mixité raté ?

Une montagne d’études ont été réalisées sur les effets de l’assouplissement de la carte scolaire. La sénatrice socialiste de Gironde Françoise Cartron s’y est notamment collée, rendant un épais rapport parlementaire en 2012. «Libéraliser la carte scolaire n’a pas favorisé la mixité, bien au contraire, résume-t-elle. Les statistiques sont formelles : très peu d’enfants boursiers ont bénéficié de l’assouplissement de la carte scolaire. Pourquoi ? Mais c’est évident !» s’emporte-t-elle. Peu de familles défavorisées ont fait une demande de dérogation, découragées d’avance à l’idée de faire les démarches administratives. Et parce que, explique-t-elle, cela implique d’avoir les moyens d’amener son enfant en voiture le matin car les lignes de bus ne suivent pas. L’assouplissement a donc surtout profité aux élèves de la classe moyenne.
Dans les zones urbaines, la ségrégation s’est même aggravée, et se double par endroits d’une ségrégation ethnique. «Il n’y a pas de statistiques ethniques en France donc c’est moins mis en évidence, mais il suffit de se rendre dans certains établissements pour le constater. Les élèves le disent d’ailleurs : on est tous pareil, comme par hasard», relève Philippe Tournier, secrétaire général du syndicat des chefs d’établissements (SNPDEN).
De quel(s) levier(s) dispose la ministre de l’éducation ?

Le sujet est sensible politiquement. Obliger les familles à scolariser leur enfant dans un collège qui a mauvaise réputation pour «le bien commun» demande un certain courage. (…)
«L’idée de la ministre est louable, commente le sociologue Pierre Merle (auteur de la Ségrégation scolaire, la Découverte). Mais on ne construira de la mixité que si les écoles privées entrent dans la boucle de la carte scolaire. L’enjeu, il est là aujourd’hui.» Mais ce n’est pas gagné. «Juridiquement, on ne peut pas obliger les établissements privés, ils sont libres de choisir leurs élèves», précise le ministère. Interrogé, Claude Berruer, secrétaire général adjoint de l’enseignement catholique, qui fédère les établissements catholiques sous contrat (deux millions d’élèves), dit discuter régulièrement de ce sujet avec les services du ministère. «Dans le contexte actuel, on ne peut pas être absent de cette préoccupation nationale de mixité sociale. Certes, chaque directeur est libre, mais rien n’empêche de donner plus de postes aux établissements s’engageant pour la mixité.»
Libé

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