Deux jeunes en burka se sont rendues dernièrement à la gare de Bâle en tenant un drapeau avec des inscriptions arabes. L’action a inquiété certaines personnes.
Deux femmes vêtues d’une burka portent un drapeau noir avec des écritures arabes blanches dessus. Cette photo, prise dernièrement à la gare de Bâle, a été partagée à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux. «L’EI à Bâle ?» s’interroge une lectrice qui a fait parvenir le cliché à «20 Minuten». Des recherches de nos collègues alémaniques ont révélé que la photo a été prise peu avant le début du Morgenstraich, le 23 février dernier. Mais l’action n’avait rien d’une blague carnavalesque.
«Je voulais montrer que les femmes musulmanes en burka étaient des personnes normales et qu’elles n’avaient rien à voir avec l’Etat islamique», explique Priscillia Eckert-Salla. La jeune apprentie de commerce de 21 ans a lancé cette action pour lutter contre les préjugés: «Ces derniers temps, on pouvait lire tellement de choses négatives et fausses au sujet de l’islam dans la presse. Je me suis sentie obligée d’agir.» Priscillia Eckert-Salla ne pensait pas que sa démarche allait être mal interprétée par certaines personnes.
«L’inscription sur le drapeau n’a rien à voir avec l’EI. Il s’agit uniquement d’une profession de foi.»
Andrea Jud, doctorante en politique et histoire contemporaine du Proche-Orient à l’Université d’Erlangen-Nuremberg (All), confirme que les inscriptions ne sont pas directement liées au groupe Etat islamique. «Cette profession de foi est le plus petit dénominateur commun de tous les musulmans et n’a rien de provocant.» Elle explique que l’inscription signifie: «Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu (Allah) et Mohammed est notre prophète.» Andrea Jud note cependant que les drapeaux noirs sont souvent privilégiés par les groupements terroristes en raison de la forte valeur symbolique que le noir représente dans l’islam. Cette couleur est en effet associée à la guerre et est reprise par les groupes salafistes et islamistes. Et une recherche rapide sur internet démontre qu’al-Qaida, notamment, utilise le même étendard que celui exhibé par les deux jeunes femmes.
Après s’être posées un moment à la gare, Priscillia Eckert-Salla et son amie se sont mêlées aux carnavaliers. Les réactions étaient assez variées: «Certains nous ont lancé des regards noirs, mais la plupart des gens sont venus vers nous et nous ont demandé pourquoi nous portions ces habits.»
Priscillia Eckert-Salla s’est convertie à l’islam il y a un an et demi. Sa famille, chrétienne, a accepté son choix. Malgré cela, la jeune femme n’ose pas porter le voile. «J’ai peur qu’on ne m’accepte plus.»
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