Les “Français de souche” existent donc puisque Hollande a daigné les évoquer publiquement. Certes pas pour les encenser, ce serait trop d’honneur. Il ne les a cités qu’en creux, en négatif, pour dédouaner une communauté musulmane suspectée d’antisémitisme récurrent mais sanctuarisée par le tabou sur l’“islamophobie”.
En France, toutes les “minorités” sont sanctuarisées, qu’elles soient ethniques, confessionnelles ou culturelles. Toutes récriminent à ciel ouvert et toutes ont guichets ouverts dans les bureaux du compassionnel, “multiculturalisme” oblige. On finirait par croire que la France n’est qu’un patchwork de minorités, les Maghrébins, les Subsahéliens, les Arméniens, les Comoriens, les Roms, les Turcs, les Chinois. J’en oublie.
On finirait par croire que le natif est une espèce anachronique, vouée à la disparition comme le curé de village ou le garde champêtre. Français natif je suis, de père et de mère. Qu’y puis-je si mon capital génétique ne s’est guère expatrié hors les plains et les déliés du Massif central ? On ne choisit pas son héritage. Je revendique le mien avec gratitude, ma famille a acquitté les droits de succession en 1914-1918, pas question de m’excuser d’être du cru et non d’ailleurs.
Nous sommes très nombreux, nous les Français de souche bourguignonne, gasconne, berrichonne, picarde, provençale, normande, languedocienne, champenoise, corse, cévenole, saintongeoise, savoyarde, limousine, beauceronne, lorraine, aquitaine, tourangelle, franc-comtoise, béarnaise, artoise, bretonne, vendéenne, flamande, alsacienne. J’en oublie.
(…)
L’“identité” de la France, nous la connaissons par coeur, c’est le cas de le dire. Nous l’incarnons au jour le jour par toutes les fibres de notre sensibilité, de notre sociabilité. L’envie nous surprend parfois de nous constituer en groupe de pression, pour expliquer aux technos et aux intellos avec quoi elle rime. Pour leur signifier que nous existons. Sans arrogance mais sans culpabilité. Tout irait moins mal s’ils cessaient de nous prendre de haut. Car qui endure trop de mépris finit par se cuirasser, et nous n’avons aucune envie d’en arriver là.