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Outre les clivages droit-gauche et Européens- souverainistes Alain Duhamel s’inquiète d’un troisième clivage élites-masses “qui ne bénéficie qu’au FN”.

[…] Et puis s’impose désormais le troisième clivage, beaucoup plus inquiétant, bien plus déstabilisant, qui traverse profondément la société française, celui qui oppose parfois haineusement élites et masses.

Ici, ils s’enchevêtrent avec la passion majeure et toujours contrariée de l’égalité, avec les échecs successifs des partis de gouvernement depuis des décennies, avec la non-représentation de minorités politiques de plus en plus significatives, avec le ressentiment, l’aigreur, la colère, l’anxiété. Les Français se sont persuadé que leurs élites sont coupables et défaillantes puisque la crise n’est pas résolue. Les élites redoutent que le peuple refuse le monde nouveau et se barricade en lui-même avec l’illusion de pouvoir stopper l’horloge de l’histoire. Les élites croient toujours qu’elles peuvent éclairer et entraîner le peuple. Elles constatent, avec effarement, que celui-ci écoute de plus en plus les populistes qui abusent les foules.

Deux France se dessinent, l’une qui se croit capable de construire un avenir différent, l’autre qui s’épouvante et souffre de ne pouvoir revenir au passé. Ce découplage se traduit par l’abstention massive, par le vote extrémiste, par le triomphe des démagogues et des apocalyptiques.

Il s’exprime à travers le sentiment d’abandon qui submerge les plus modestes et par le sentiment d’incompréhension qui envahit les élites. Un peuple qui ne croit plus en ses élites est un peuple blessé. Des élites qui ne parviennent plus à entraîner leur peuple sont des élites infirmes. Un divorce qui ne bénéficie qu’au FN.

Libération

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