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[article de 2013]

femme enceinte

On se pose la question pour les mères porteuses. Pour ces couples de lesbiennes, de plus en plus nombreux, où l’une fournit les ovocytes, et l’autre porte l’embryon. […]

Anticorps, nutriments, tabac, médicaments

Concrètement, au niveau [du] placenta, les racines fœtales trempent dans le sang maternel. Les échanges y sont « très intenses ». Des substances peuvent passer : à travers les membranes pour les plus petites, par un « transporteur » naturel pour les autres, ou par les cellules de la barrière, voire au travers de la barrière si celle-ci est abîmée. Enfin, certaines substances entrent directement par le vagin et le col de l’utérus. […]

Voix, langue, plaisirs et peurs

[D’après le médecin Laurent Salomon] « Le fœtus modèle et développe son cerveau, qui est le support de la plupart de ses réponses comportementales, avec l’environnement qu’il a durant la grossesse. »

Il peut s’agir des voix, des sons, des langues qu’il entend dans le ventre. D’ailleurs, poursuit le médecin, dès sa naissance, l’enfant répond de manière différente à la langue entendue durant la grossesse. Il développe également une certaine sensibilité aux sons – agréables ou désagréables – qu’a entendus la femme qui l’a porté.

Cela va même plus loin. Le fœtus sent si ces sons, odeurs, ou autres, déclenchent du plaisir – ou de la peur – chez la femme qui le porte (en fonction des endorphines qu’elle produit). Résultat : « Le fœtus se sentira lui-même bien – ou mal – dans ces mêmes situations. » Il fabriquera les mêmes associations, au moins durant un certain temps.

Mais peut-on aller plus loin ? Au-delà du temps de la grossesse, le fœtus hérite-t-il d’un peu du patrimoine de la femme qui le porte ?

Des caractéristiques transmises sans l’ADN

Génétiquement, la mère porteuse « ne transmet rien, sauf scoop à venir » répond Stanislas Lyonnet, professeur de génétique à l’université Paris-Descartes […]. Le dogme est pourtant en train de se fissurer, poursuit Stanislas Lyonnet. Une étude a notamment été menée aux Pays-Bas sur les descendants de femmes qui avaient subi des famines à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les résultats se sont révélés étonnants :

  • les filles de ces femmes ont connu des retards de développement fœtal – en taille et en poids –, ce qui correspond à ce que nous savions : leurs gènes se sont exprimés de cette manière en réaction à l’environnement ;
  • mais – et c’est là la découverte – leurs propres enfants ont subi eux aussi un retard de développement fœtal plus important que la moyenne.

Comme si la modification de l’expression des gènes pouvait se transmettre, remarque Stanislas Lyonnet. « Sans s’inscrire dans le génome » : il existerait des caractères qui ne seraient pas « héritables par l’ADN » mais seraient transmissibles quand même. Lesquels ? Comment ? Les recherches ne font que commencer.

Rue 89 / Nouvel Obs’

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