Les étudiants n’ont pas le droit de porter voile, kippa, croix catholique.. dès lors qu’ils deviennent des futurs professeurs. Mais le savaient-ils ? Pas vraiment. Ce jeudi, le conseil d’administration de l’Ecole supérieure du professorat et de l’éducation (ESPE) de Créteil doit inscrire au règlement intérieur l’interdiction du port de signes religieux.
Le statut de ces étudiants est particulier, puisqu’à partir de la 2e année, lauréats du concours, ils sont amenés à intervenir dans les classes. Ils deviennent alors des fonctionnaires. Même s’ils suivent encore des cours. A ce titre, ils sont soumis aux mêmes règles que tous les agents de l’Etat. À Créteil, «il y a un port de signes, prévient Geneviève Guilpain. C’était remarqué.»
«C’est une application de la note juridique du ministère du 22 janvier», souligne Geneviève Guilpain, prof de philosophie à l’ESPE de Créteil et élue SUD Education. Une consultation de l’ensemble des profs réalisée par l’intersyndicale de formateurs, a recueilli 93% d’avis favorables.
Sauf que chez les étudiants, la mesure fait bondir. Solidaires étudiants a lancé une pétition en ligne (plus de 2 500 signatures depuis samedi) pour dénoncer une mesure «inacceptable», «discriminatoire, divisant sur ce lieu d’étude les lauréat-e-s et les non-lauréat-e-s du concours». L’Unef 94 craint «la stigmatisation d’une religion. L’université n’a pas à dire aux étudiantes ce qui est bon pour eux.»
Le ministère de l’Education nationale a adressé cette note à la suite d’une réunion avec les directeurs d’ESPE qui jugeaient l’interprétation du droit sur le port de signes religieux dans les ESPE floue et souhaitaient un rappel des textes.
Pour autant, à ceux qui y voient une brèche pour étendre l’interdiction à toute l’université, comme envisagé par la ministre des Droits des femmes début mars, la ministre Najat Vallaud-Belkacem a été claire : «le port du voile est tout à fait autorisé dans les universités».