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Downing Street reporte sine die la publication de l’enquête sur les activités de l’organisation pour ne pas froisser ses alliés arabes.

Attendu en juillet dernier, maintes fois reporté et maintenant sans doute enterré, un rapport controversé sur les Frères musulmans en Grande-Bretagne embarrasse le gouvernement de David Cameron, qui l’avait pourtant commandé il y a un an.

Il s’agissait alors pour le premier ministre de «comprendre parfaitement la nature de cette organisation, ses positions par rapport à l’extrémisme violent, ses liens avec d’autres groupes et sa présence au Royaume-Uni». Las! C’est devenu une patate chaude qui est passée de ministère en ministère. Quelques heures avant la publication, prévue lundi, Downing Street a, in extremis, décidé de la reporter à nouveau. Il est peu vraisemblable désormais qu’elle ait lieu avant les élections de mai et ses conclusions pourraient disparaître à la faveur d’un changement éventuel de gouvernement. […]

D’emblée, l’enquête a fait des vagues. Les Frères musulmans se sont assuré les services d’un avocat de renom pour attaquer le gouvernement britannique en justice en cas d’atteinte à leur image. Nombre de leurs dirigeants ont trouvé refuge en Grande-Bretagne. Ils apprécient peu d’être soupçonnés d’apologie du terrorisme.

Sans aller jusque-là, le rapport devait toutefois mettre en lumière les relations des Frères musulmans avec une galaxie d’une soixantaine de groupes, ONG ou médias, dont certains, considérés comme des couvertures, auraient pour but réel de propager le fondamentalisme en Grande-Bretagne et dans le monde arabe

Dans le document, les services secrets auraient recommandé que soit fait un grand ménage dans cette nébuleuse. «Il est clair que les Frères ont de nombreuses zones d’ombres, dont leur relation ambiguë avec la violence et leur impact douteux sur la cohésion sociale en Grande-Bretagne», a affirmé au Telegraph Lorenzo Vidino, auteur d’un livre sur la présence de l’organisation en Occident, et interrogé durant l’enquête.

Pour noyer le poisson, Downing Street a justifié la non-publication du rapport par la nécessité de l’intégrer dans une plus vaste évaluation de la liberté d’expression au Royaume-Uni. Les conservateurs en campagne électorale réfléchissent à restreindre la grande tolérance du pays, qui permet à des prêcheurs extrémistes d’avoir pignon sur rue, et de s’exprimer dans le monde éducatif ou dans les médias.

 

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