Le secrétaire général de la CFDT parle des élections, du projet de loi Rebsamen et de la grève des médecins.
Paris Match. Redoutez-vous la montée du Front National?
Laurent Berger. Oui. Il faut la combattre. Il faut dire que le FN ne partage pas notre vision du progrès social, il ne prône le progrès que de quelques uns. Nous sommes pour l’émancipation des individus. Il est pour l’autoritarisme. Nous sommes pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Pas lui. Il propose une impasse économique avec la sortie de l’euro. Il se nourrit du pessimisme ambiant. Il ne faut pas se réfugier derrière des mots, il faut lui objecter une vision de l’avenir et des résultats concrets. Sa particularité, c’est de ne pas être comptable de cohérence. Si, malheureusement, il obtenait le pouvoir, il l’exercerait de manière très autoritaire. Son choix de monter les citoyens les uns contre les autres sous prétexte de situations sociales différentes, d’origines différentes, conduirait à l’affrontement.
Constatez-vous la montée des idées de ce parti au sein de votre syndicat?
A la CFDT, nous avons exclu trois de nos adhérents qui se présentaient sur des listes FN pour les élections cantonales. Mais je ne perçois pas d’influence croissante des thèses du FN dans nos troupes, les sondages après les européennes montrent d’ailleurs que nous ne sommes pas le syndicat le plus exposé. En revanche, parmi les salariés malmenés et en perte de repères, cette progression est perceptible. La question n’est pas de stigmatiser les électeurs, mais de démontrer que voter FN est très dangereux pour la démocratie et les droits des travailleurs. Regardez les attaques du Front National contre le syndicalisme, contre les associations, contre tout ce qui permet de faire vivre la démocratie.
(…) Paris Match