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Ces 150 dernières années, les flux migratoires ont bouleversé la physionomie de notre population. À présent, un Français sur quatre a au moins un grand-parent venu d’ailleurs. « Par petites touches impressionnistes, il est possible de reconstituer un paysage des migrations en France, avec des sédimentations très marquées par territoires », explique Catherine Withol de Wenden, chercheuse à Sciences-Po spécialiste des flux migratoires (1).

L’Île-de-France regroupe 40 % des immigrés

Prenons l’axe Bordeaux-Tours-Paris. L’essentiel des 500 000 Portugais du pays s’y répartit. Les Espagnols, eux, sont plus concentrés à Toulouse et dans le Sud-Ouest. À l’Est, c’est encore autre chose : beaucoup de Turcs, plus ruraux que les Maghrébins, ont investi les petites villes du Haut-Rhin. Ils travaillent principalement dans le forestage, où dans le secteur du bâtiment. Mais on peut aussi retrouver leur présence dans le Limousin, où ils exercent leurs talents agricoles.

Même un océan urbain comme l’Île-de-France, qui regroupe à lui seul 40 % des immigrés, a ses signes distinctifs. L’agglomération parisienne regroupe l’essentiel de la population d’origine subsaharienne. Montreuil (Seine-Saint-Denis), surnommée avec humour « Bamako-sur-Seine », attire la plus grande communauté malienne de France (entre 6 000 et 10 000 personnes). Cela s’explique par la présence ancienne, dès les années 1960, de travailleurs dans cette ville.

Autre exemple : le « Chinatown » du 13e arrondissement. Un des quartiers les plus pittoresques de la capitale. […]

La présence des populations d’origine maghrébine (entre cinq et six millions de personnes) est plus difficile à décrypter, car leur répartition est plus diffuse. « Dès les premières arrivées, ils se sont rapprochés des foyers industriels », explique l’historien Pascal Blanchard, spécialiste des diasporas en France (2). Ils se sont donc installés en nombre autour de Paris-Lyon-Marseille mais aussi dans d’autres villes de moindre envergure comme Clermont-Ferrand et ses usines Michelin. […]

Dans ces grandes agglomérations, le paysage urbain s’en est retrouvé modifié, avec l’édification des mosquées les plus monumentales, de boutiques hallal, et des carrés musulmans, dans les cimetières. […]

42 milliards d’euros investis dans les quartiers

Il existe enfin une dernière carte liée aux migrations. Celle des 751 « zones urbaines sensibles » de France. Elle fait l’objet d’une attention particulière des pouvoirs publics. Ces ensembles, pour l’essentiel constitués d’immeubles HLM, ont été pour beaucoup construits au cours des années 1960-1970 pour résorber les bidonvilles occupés par la main-d’œuvre étrangère. Aujourd’hui encore, sur les 4,5 millions d’habitants de ces quartiers, la moitié sont des immigrés ou des enfants d’immigrés. Cette part atteint 64 % en Île-de-France.[…]

Ces dix dernières années, la puissance publique a investi 42 milliards d’euros dans ces quartiers pour rénover le bâti et construire des équipements. Sans vraiment changer la donne sur le plan social. Dans ces zones urbaines, le chômage est deux fois plus élevé qu’ailleurs.

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