Cinq enseignants de l’université de Saint-Denis ont publié une tribune sur le site Rue89 pour dénoncer le manque d’équipements numériques. Ils notent ainsi le paradoxe entre les ambitions affichées par le ministère et les moyens réellement déployés.
Les actes de vandalisme, les dégradations et autres vols répétés du matériel numérique à l’université Paris 8, à Saint-Denis, ont décidé cinq enseignants de l’établissement à prendre la plume. Dans une tribune publiée par le site Rue89, sous le titre «Tableau, feutres, draps et clous… 2015 est l’année du numérique à l’université», Agnès Deboulet (professeur de sociologie), Sylvie Kleiman-Lafon (maître de conférences en littérature anglaise), Nicolas Kyriakidis (maître de conférences en histoire), Claudette Lafaye, (maître de conférences de sociologie) et Brigitte Le Guen (professeur d’histoire) dénoncent un manque de moyens contradictoire avec les volontés affichées du ministère en matière d’enseignement numérique.
«Cette semaine nous avons appris que la seule salle véritablement équipée (télévision, lecteur de DVD, vidéoprojecteur, écran déroulant, stores occultants) dont disposait notre Unité de formation et de recherche (UFR) universitaire avait été vandalisée. Le lecteur de DVD a disparu, l’écran a été arraché, ainsi que des câbles» écrivent les cinq enseignants. Ils déplorent également qu’«un vidéoprojecteur installé dans une cage de métal a été volé, puis un autre, et encore un autre. Un écran a été découpé au cutter, un autre entièrement tagué. Dans les autres salles on ne compte pas les stores cassés ou arrachés, l’éclairage défectueux, les prises électriques qui ne marchent plus». Les universitaires de l’université Paris 8 font également mention de «l’interminable liste des ordinateurs volés à peine achetés, parfois par douzaine».
2015, «année du numérique» à Paris 8
Selon leur propre texte, leur intention n’est pas de mettre en lumière leurs difficultés personnelles au sein de leur établissement en particulier. Au contraire, ces enseignants veulent souligner «le contraste de plus en plus saisissant entre les injonctions ministérielles et locales et la réalité quotidienne des universités françaises». Car ce que regrettent les enseignants dans cette tribune, c’est de ne pas avoir les moyens d’appliquer les directives du ministère de l’enseignement supérieur en matière de «pédagogies innovantes».
Les universitaires citent alors un rapport d’étape datant de juillet 2014, rédigé par le Comité StraNES en charge de la «stratégie nationale de l’enseignement supérieur», dans lequel le comité incite le ministère a se projeter pour «inventer l’éducation supérieure du 21ème siècle» grâce à une «pédagogie contributive, active et numérique». Difficile de mettre en place de telles innovations sans moyens spécifiques déployés, voila en substance le message des signataires de la tribune qui espèrent que «ces conseils avisés donneront lieu à la mise en place d’un plan d’équipement ambitieux». Comble du paradoxe, leur université a fait de l’année 2015 «l’année du numérique». «On peut légitimement se demander avec quel matériel notre établissement compte réussir cette entrée dans la modernité» raillent-ils à nouveau. […]
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