Le président du CRIF, Roger Cukierman, appelle à lutter contre la politique que veut mettre en oeuvre Marine Le Pen, malgré l’évolution du FN
Non, je n’ai jamais voté FN, ni invité un dirigeant FN au dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Non, je ne voterai jamais FN, ni n’inviterai Marine Le Pen à un dîner du CRIF.
Une autre chose n’a pas changé. Le FN de 2015, tout comme le FN du XXe siècle, est un parti extrémiste : il veut une transformation radicale de la société et de l’économie. Que leur inspiration soit nationaliste, marxiste ou religieuse, de telles transformations sont toujours violentes, utilisent des boucs émissaires, réduisent les libertés et aboutissent à des catastrophes.
Le discours officiel du FN – celui de sa présidente et de sa garde rapprochée – a changé. Il est différent des discours du père, de ses compagnons historiques, de certains candidats FN récemment épinglés et probablement des discours de nombreux sympathisants qui parlent comme ils pensent, sans filtre, avec des relents racistes, antisémites, xénophobes ou homophobes.
Certains considèrent, dans leur opposition au FN, qu’il est plus facile de faire comme si le parti de 2015 avait exactement le même discours que celui du XXe siècle. Je crois, pour ma part, qu’on ne construit pas d’opposition efficace sans lucidité ni honnêteté. […]
Le FN de 2015 n’est plus un trublion ou un exutoire, à la différence de celui du XXe siècle. Il entend accéder au sommet de l’Etat. Il drague, pour cela, différentes catégories d’électeurs. Les Français juifs sont l’une de ses cibles, non pas pour leur poids électoral, qui est très faible, mais parce que leur vote consacrerait sa dédiabolisation, sa rupture avec l’antisémitisme, son souci démocratique pour les minorités au sein de la communauté nationale. […]