Dans «A trois on y va», le réalisateur Jérôme Bonnell ébauche la possibilité d’un amour à trois. J’ai rencontré cet amour, il est viable.
Le mot ressemble à une blague. Trouple. Un mot-valise pas très engageant, qui n’inspire que très moyennement la confiance. Pourtant, dans le langage du polyamour (terme générique regroupant les différentes formes d’amour multiple), le trouple est un vrai mot. Également employé en anglais, il désigne une histoire d’amour triangulaire dans laquelle chaque personne entretient une relation amoureuse avec les deux autres. A aime B, qui aime C, qui aime A, et réciproquement. Un dispositif que développe Jérôme Bonnell dans une partie de son film À trois on y va, petit traité sur le sentiment amoureux et le désir, et la trahison, qui se démarque de l’image du couple traditionnel en disséquant les relations qui unissent Charlotte (Sophie Verbeeck), Micha (Félix Moati) et Mélodie (Anaïs Demoustier).
Le trouple n’est pas la seule forme de relation amoureuse à trois.
Sur son site More than two, dédié au polyamour, l’écrivain Franklin Veaux, qui vit à Portland avec plusieurs partenaires, propose un glossaire détaillé et assez complet, dans lequel il évoque notamment le vee, qu’on pourrait traduire en français par «relation en v», dans laquelle une personne «centrale» (ou pivot, selon Franklin Veaux) vit une relation amoureuse avec deux personnes, qui n’ont entre elles ni relation sentimentale ni relation sexuelle. […]
J’ai personnellement expérimenté le vee pendant quelques mois, et pas en tant que pivot. L’été dernier, L., ma femme, a rencontré E., une autre femme dont elle est tombée amoureuse. Nous avons fini par nous rencontrer tous les trois afin de mieux comprendre ce qui était en train de se produire: la lente édification d’une relation triangulaire. Très vite, parce que la confiance et le respect étaient présents, E. et moi avons commencé à développer une vraie relation d’amitié. Je n’y aurais jamais cru, mais l’équilibre à trois semblait réellement possible […]