On connaissait déjà avant le premier tour les caractéristiques socioéconomiques et démographiques des candidats aux élections départementales des 22 et 29 mars: les Français qui se présentaient ont pu être scrutés grâce aux informations fournies par le ministère de l’Intérieur, notamment sur leur âge et leur profession. A partir du fichier des candidats présents au second tour, nous avons pu également découvrir que le prénom le plus répandu parmi les candidates était Isabelle, et Michel chez les candidats.
Mais ce fichier est une mine d’informations qui nous aide aussi à mieux saisir l’écart entre la sociologie des différents partis. Le principal choc est de constater que sur 97 candidats ouvriers encore en lice, ce qui est bien peu pour une catégorie socioprofessionnelle qui représente 12% des Français de plus de 15 ans et un actif sur cinq, 88 sont candidats d’un binôme Front national. Les autres se répartissent entre la droite (6), la gauche (2) et un «divers» dont le ministère n’identifie pas l’étiquette politique. Ces candidats ne représentent jamais que 4% des candidats du FN au second tour, mais c’est une proportion bien supérieure à celle des autres partis.
Les employés, qui forment avec les ouvriers le gros des catégories populaires et représentent quant à eux 16% de la population adulte et 28% de la population active, sont pour ce deuxième tour deux fois plus nombreux dans le parti de Marine Le Pen (454) qu’à droite toutes étiquettes confondues (233) et à gauche en additionnant là aussi toutes les nuances (218).
Selon Ipsos, le vote des ouvriers a été capté à 42% par le FN (sur ceux qui se sont déplacés), de même que le parti a attiré «34% du vote des employés et près de 30% des électeurs peu diplômés ou plus modestes». Il était en revanche dès le premier tour celui qui présentait la plus forte proportion d’ouvriers, proportion restant pour autant relativement faible….