La classe politique est désemparée par la montée du vote en faveur du FN et de sa pénétration dans tous les milieux. Sur le terrain, beaucoup ont senti passer le vent du boulet dimanche 22 mars.
« C’est un peu notre dernière chance », glisse le député PS de Meurthe-et-Moselle, Dominique Potier, qui a bon espoir de voir le département rester rose malgré une forte poussée de l’extrême droite. « Si nous ne reconstruisons pas un récit d’espérance, nous savons que l’alternance derrière, ce n’est plus la droite, mais le FN. »
Tous le reconnaissent, ces scores étaient prévisibles, voire attendus. «Mais quand on voit tous les résultats arriver petit à petit des bureaux de vote, ce n’est pas la même chose», explique Laurent Baumel, député PS d’Indre-et-Loire, effaré par le «nombre invraisemblable de petits villages où le FN est arrivé en tête».
Plus qu’une vague, c’est une inondation, et l’eau s’engouffre de partout. En Seine-Maritime, fief de Laurent Fabius, le FN s’est qualifié dans quatre des six cantons du Havre. Mais pour le maire UMP de la ville, Edouard Philippe, «ce qui est frappant, c’est que cette poussée s’observe quelle que soit la composition sociologique, dans les quartiers privilégiés comme dans les quartiers plus difficiles». Une «incroyable diversité» qui prouve selon lui que le vote FN est encore massivement un vote de rejet et que la tendance peut être inversée, à condition que les partis s’adaptent à ce tripartisme qui s’installe. […]
A 30 kilomètres plus au sud, sur la Côte Vermeille, le maire UMP de Port-Vendres, Jean-Pierre Romero, est tout aussi «paumé». Arrivé en troisième position derrière le binôme frontiste et le conseiller général sortant PS, il confesse qu’il «n’y comprend plus rien». «Nous essayons de parler du local et les gens nous interrogent sur la sortie de l’Europe, sur l’immigration. Ce n’est pas de notre compétence…» […]