Originaire de Montréal, Nathalie a rencontré John en 2008, en Angleterre. John est hollandais, blond aux yeux bleus, il n’est pas musulman. Ils se sont mariés, ont eu deux enfants.
Ils habitaient à Londres jusqu’à ce que John se fasse offrir un poste à Abou Dhabi. «C’était une offre d’emploi très alléchante, c’était plus que nos deux salaires ensemble. On se disait qu’on allait avoir une belle vie, je n’étais pas obligée de travailler, j’allais pouvoir m’occuper des enfants.»
Comme des centaines de milliers d’expatriés, Nathalie et John ont déménagé leurs pénates, avec leur garçon d’un an et leur fille de deux ans. L’an dernier, selon les chiffres officiels, 40 000 Canadiens habitaient aux Émirats arabes unis, attirés par un gros salaire.
Nathalie : « Je suis allée voir un avocat en Angleterre pour me faire expliquer les lois des Émirats. Il m’a dit, et c’est clairement indiqué dans la loi sur les affaires personnelles, que les non-musulmans peuvent avoir recours à leurs lois.» John n’a pas demandé l’avis de Nathalie pour renoncer aux lois canadiennes ou hollandaises.
Il a choisi de divorcer sous la charia, un véritable jeu d’enfant : un formulaire à remplir, un texto et merci, bonsoir.
(…) Isabelle se retrouve huit heures plus tard devant le tribunal de la charia. Un «genre de conseiller» s’assoit devant John et Nathalie pour remplir le dossier. Il a quelques questions à poser. Il les pose à l’homme.
– Vous lui avez signifié votre intention de divorcer?
– Oui, ce matin, trois fois.
– Pourquoi voulez-vous divorcer d’elle?
– Adultère.
– Je vous déclare divorcés.
(…)
Nathalie a obtenu la garde des deux enfants [mais] , sous la charia, n’a aucun droit sur eux.
«J’ai juste le droit de m’en occuper, de leur faire à manger. Je suis la gardienne, il est le gardien. C’est John qui prend toutes les décisions de façon unilatérale, je n’ai pas un mot à dire. Je ne conteste pas le divorce, je réclame que ça se fasse avec des lois qui sont fidèles à mes valeurs. En plus, ce divorce-là n’est même pas reconnu au Canada ni en Hollande».
Nathalie n’a plus beaucoup de recours. «J’aimerais pouvoir avoir un nouveau départ, faire ma vie ailleurs. Je ne veux pas que mes enfants grandissent dans un pays où les valeurs sont aussi loin des miennes.»
John ne l’entend pas comme ça, il veut que ses enfants grandissent à Abou Dhabi, près de lui.
«Ils ont accès à un style de vie de très grande qualité. Ils vivent une fantastique expérience multiculturelle qui leur sera précieuse dans leur vie future.»
Dans un pays où papa a toujours raison.
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