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« Ni de l’ENA, ni de Sciences Po’, j’ai partagé les bancs avec X-Men et les Sages Po’ » : la citation est extraite d’un morceau d’Ali, le rappeur étudié aujourd’hui, et Benoît Dufau trouve ça « amusant de citer ça ici ».  Ici, c’est l’Ecole normale supérieure (ENS), au 45, rue d’Ulm à Paris.

Depuis janvier, ce jeune agrégé y organise le séminaire « La Plume et le Bitume », dédié à « une approche stylistique du rap français ». Les textes y sont étudiés comme des vers de Baudelaire. […]

« Le rap est une forme de langage et un sujet d’étude aussi légitime que la poésie : c’est truffé de références littéraires et sociologiques », commente Emmanuelle Carinos, la co-organisatrice de ces sessions de deux heures. Cette autre normalienne s’est lancée dans un master de sociologie. Comme son acolyte, elle est accro au hip hop. « J’ai ma petite réputation à l’ENS. On m’appelle Madame Rap ! » sourit-elle. […]

Mais « il y a eu des articles sur le séminaire, on s’est fait lyncher dans les commentaires », racontent-ils. D’un côté par les puristes, ceux qui considèrent que le hip hop est une culture autodidacte, qui n’a rien à faire dans le temple de l’intellectualisme. De l’autre par les conservateurs, soucieux de préserver la pureté de la langue française, pour qui l’entrée du rap à l’ENS signe le début de la fin de l’institution littéraire.

« Pour voir un mec de tess [cité] dans un amphi, faudrait y vendre des kebabs », assène le Havrais Brav’ dans un de ses morceaux. Mais les rencontres de ces derniers mois lui donnent plutôt tort. Les rappeurs Youssoupha, Oxmo Puccino ou Greg Frite ont eu les honneurs de Sciences Po, Tiers Monde est intervenu dans un amphi de La Sorbonne, Kery James a été l’invité de l’Université de Cergy-Pontoise.

Emmanuelle Carinos voit dans leur démarche un côté militant : « J’espère que le fait que ce genre de conférences s’organise ici donne des idées et de la motivation à d’autres pour le faire à leur tour ». A Benoît Dufau d’ajouter, pensif : « Ce serait drôle que l’ENS devienne un haut lieu du rap…  »

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Merci à Lilib

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