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Malgré la “rénovation urbaine” du quartier du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie (Yvelines), les populations autochtones blanches qui l’ont déserté ne s’y installent pas. S’il y a un début de mixité sociale avec la venue d’une classe moyenne issue de l’immigration, il y a peu d’espoir d’y voir une mixité ethnique.

Les bâtiments, tout de blanc et de briques rouges, sont encore pimpants. Petits balcons, jardinets et garages en bois, une ruelle privée qui serpente entre les maisons de ville aux toits verts : la résidence Sully ressemble à nombre de constructions récentes qu’on voit pousser dans tous les faubourgs des agglomérations. L’ensemble de 44 logements a été bâti en 2005 au cœur du Val-Fourré, une des plus grosses ZUP (zone à urbaniser en priorité) des Yvelines.

Cette cité sensible de Mantes-la-Jolie – 22 000 habitants, la moitié de la ville – traîne une réputation de ghetto sulfureux avec ses 35 % de chômage et un revenu médian qui ne dépasse pas 9 000 euros par an. C’est pourtant ici que Mohammed Farhane a acheté son chez lui. Parce que, comme tous les nouveaux propriétaires de ces logements, ce retraité de 66 ans ne veut pas s’éloigner de son quartier. […]

Les vingt-quatre maisons de ville sont habitées par des familles marocaines venues du Val-Fourré. Dans les appartements, on trouve beaucoup de Turcs, d’Africains. Anne-Marie Ostyn, ancienne gardienne aux Musiciens – une des nombreuses cités au nom d’artistes du Val-Fourré – est « une des rares Françaises » : « Je suis minoritaire mais ce n’est pas désagréable » , dit-elle.

Marché du Val-Fourré

Au-dessus de chaque porte, les habitants ont mis une décoration qui distingue leur demeure : un œil bleu pour chasser le mauvais sort, une faïence avec un verset du Coran, une divinité indienne ou une assiette du pays. […] Pierre Bédier, président UMP du conseil général des Yvelines et ancien maire de la ville, comme son successeur Michel Vialay, l’assument sans états d’âme.

Au Val-Fourré, une quatrième opération, la résidence Albert-Camus, est en cours de commercialisation. Parce que «la classe moyenne migrante a la même aspiration que les Blancs : devenir propriétaire et, si possible, avoir un jardin», insiste M. Bédier. Avant d’ajouter : «Il est de toute façon illusoire de penser qu’on peut faire venir des classes moyennes blanches au Val-Fourré.»

Le Monde

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