Nous qui signons cette tribune sommes «artistes et intellectuels descendants de colonisés et d’esclaves». Pour aller plus vite, nous dirons «artistes et intellectuels français non-blancs».
« Diversités culturelles » est un euphémisme qui signifie « français noirs, arabes, asiatiques, tsiganes ». La vraie diversité culturelle française intègrerait les blancs. Ce paradoxe sémantique révèle les difficultés qu’a l’institution pour affronter les modifications imposées par la présence en France des descendants de colonisés.
L’uniformité ethnique du paysage culturel français est au cœur des préoccupations de la ministre de la culture. Sur 15 centres chorégraphiques nationaux, quatre sont dirigés ou codirigés par des non-blancs. Mais sur les 35 centres dramatiques nationaux, aucun(e) directeur(trice) n’est noir(e), arabe ou asiatique.
Les événements récents ont montré qu’il est urgent que la France s’intéresse sans hypocrisie aux habitants des quartiers populaires, souvent descendants de colonisés, quartiers populaires où certains d’entre nous ont grandi ou vivent encore. Contrer la montée de l’extrême droite ne se fera qu’en donnant la possibilité aux non-blancs de s’emparer des outils républicains. Et pour ce faire, ils doivent se sentir Français. Cela passe par la représentation et la prise en compte des mémoires.
Signataires : Gerty Dambury, auteure, metteure en scène, comédienne ; Ludmilla Dabo, comédienne, metteure en scène ; Bintou Dembélé, chorégraphe, danseuse ; Rokhaya Diallo, journaliste, essayiste ; Eva Doumbia, metteure en scène ; Karima El Kharraze, auteure, metteuse en scène ; Jalil Leclaire comédien, metteur en scène ; Mohamed Rouabhi, metteur en scène …
Merci à Asimov