Le mouvement salafiste, “très rigoriste” selon le Monde, gagne du terrain chez les musulmans de France. Sa progression n’est pas récente mais elle s’accélère, à en croire les services de renseignement. Selon des sources policières, il y aurait désormais 90 lieux de culte d’obédience salafiste dans l’Hexagone sur 2 500 recensés : le double d’il y a cinq ans.
Dans leur grande majorité, les salafistes de France sont des « quiétistes » qui dénoncent le djihad armé. Leur approche des textes est toutefois extrêmement littérale et vivre selon les principes de la loi islamique (charia) reste pour eux un idéal. La face la plus visible de cette pratique est dans les codes vestimentaires. Les hommes ne se rasent pas la barbe, rentrent leur pantalon dans leurs chaussettes pour ne pas qu’il « dépasse des chevilles », tandis que les femmes sont voilées et cachent toutes leurs formes sous d’amples abayas ou jilbabs. […]
C’est dans les grands centres urbains que les salafistes ont le plus progressé : en région parisienne, en Rhône-Alpes et en Provence-Alpes-Côte d’Azur. En Ile-de-France, les « vieux bastions » de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine) ou Stains (Seine-Saint-Denis) « font des émules », comme le décrit l’ancien policier et responsable du bureau des cultes du ministère de l’intérieur Bernard Godard dans La Question musulmane en France. […]
Le salafisme s’est étendu aussi dans des villes moyennes comme Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) ou Brest (Finistère). […] Il prend tellement d’ampleurqu’on assiste à la multiplication de petites communautés en zones rurales, même si le phénomène est encore marginal. Les familles salafistes viennent à la campagne avec l’idée de s’exiler dans des régions où elles s’estiment plus libres de vivre selon les préceptes rigoristes de l’islam. A défaut d’avoir pu partir à l’étranger dans des pays où les musulmans sont majoritaires, elles vivent là de façon recluse, presque « sectaire », estiment les services de renseignement. […]