Il avait abordé le suicide chez les jeunes dans son premier long métrage percutantTout est parfait. Avec Noir, Yves Christian Fournier récidive dans la violence avec un film coup-de-poing sur les conditions de vie des communautés culturelles de Montréal-Nord. Entrevue.
Yves Christian Fournier ne mâche pas ses mots. Pour lui, le Québec est inconsciemment raciste. Il l’a constaté dès qu’il s’est mis à la réalisation de son nouveau film qui sort dans nos salles dès le vendredi 10 avril.
«On a nos propres ghettos où on enferme une partie de notre population parce qu’elle n’a pas la même origine ou la même couleur de peau», lance-t-il au bout du fil. On fait semblant de faire comme si cela n’existait pas. Pire, on fait comme si ces quartiers n’existaient pas du tout.»
Noir frappe fort. Film choral où les destinées s’entrecroisent et se détruisent sous le coup des règlements de comptes, du trafic de drogue et de la pauvreté. «La vie n’est pas toujours rose, rétorque-t-il. J’ai filmé dans les quartiers difficiles. Je l’ai fait avec humilité en évitant tout jugement.»
Il a d’ailleurs rencontré à Montréal les mêmes regards de colère qu’il avait pu voir en 2010 à Calliope Project, une zone très dangereuse de La Nouvelle-Orléans. «J’étais là-bas pour la Course Destination Monde, se souvient-il. Le quartier a été démantelé après le passage de l’ouragan Katrina, mais j’ai pu voir de mes propres yeux le quotidien affreux des noirs américains. Ils étaient enfermés dans une véritable prison à ciel ouvert. Ils se sentaient pris comme dans des paniers à crabes.»
Consterné de la place que le Québec fait à la communauté noire, Yves Christian Fournier en rajoute. «Tous les jours, on refuse un emploi ou un appartement à des gens en fonction de leurs origines. Nos préjugés font payer aux Haïtiens de Montréal un lourd tribut. Toutes les enquêtes vous le diront: les Noirs et les Maghrébins sont ceux qui souffrent le plus du racisme au quotidien .» […]
Merci à Padamalgam & Fopastigmatizé