Décryptage d’un terme qui apparaît ou ressurgit dans le débat public. Aujourd’hui, le concept émergent d’afropéanité.
«Etre Noir dans un monde de Blancs.» Sur l’affiche de cette comédie américaine, arrivée sur les écrans de cinéma français il y a dix jours, une main blanche plonge dans la coupe afro d’un Noir. Sorti à l’automne aux Etats-Unis, Dear white people y est devenu un manifeste générationnel.
Les Américains sont habitués à manier du Noir, du Blanc et de l’Afro-Américain pour parler de cette réalité-là. En France, c’est une autre histoire.
Comment dire la présence noire sur le continent européen ? Un terme est timidement né, avant tout sur la scène culturelle : l’afropéanité – ou l’afropéanisme. Etre afropéen ou afropéenne, c’est être noir mais être né en Europe – ou y avoir grandi – «une réalité aujourd’hui souvent invisibilisée», note Maboula Soumahoro, maître de conférences à l’université de Tours et spécialiste des diasporas africaines.
«Quand on parle de Noir, on pense “Africain”. Quand on dit “Européen” on pense “Blanc”. Afropéen est un joli mot – c’est rare pour un néologisme – qui ne renvoie pas à la couleur de peau», apprécie la militante associative Rokhaya Diallo.
«UNE EXPÉRIENCE RACIALISÉE, DANS UN ESPACE À MAJORITÉ BLANC»
Ce mot-valise surligne une multi-appartenance culturelle. En évoquant un continent, l’Europe, et non pas seulement un pays, l’afropéanité se joue des frontières nationales – tout comme le font les diasporas. Mais elle désigne aussi la condition particulière des Noirs européens : «Le mot afropéanisme souligne bien l’idée de vivre une expérience racialisée, dans un espace à majorité blanc», précise Maboula Soumahoro.
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