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Le Gallou
On répète à l’envi que la faiblesse majeure du FN, c’est son programme économique. Honnêtement, le programme économique du FN est-il crédible ?
Non, selon les nombreux adversaires du FN : les partis concurrents, les groupes de pression (MEDEF et « antiracistes ») et les médias de l’oligarchie qui relaient leurs points de vue. En vérité, la crédibilité et le réalisme d’un programme sont jaugés au regard de la doxa dominante. S’éloigner du politiquement et de l’économiquement correct passe forcément pour « peu crédible ». Pour être jugé « réaliste », il faut être favorable à l’ouverture totale des frontières, à l’euro et à l’Union européenne. Ce n’est évidemment pas la vocation du FN.
Pourquoi alors, maintenant, cette convergence d’attaques sur le programme économique ?
Parce que l’image que le FN donne de ses idées sur l’immigration et l’identité lui apporte toujours de nouveaux électeurs, il fallait bien trouver un moyen de freiner sa progression. Comme on ne peut plus jouer sur l’âme du peuple, on effraie les électeurs en évoquant le portefeuille. […] Faut-il, dans ces conditions, une mise à jour du programme économique du FN ?
C’est à ses instances d’en décider. En tant qu’observateur bienveillant, je me bornerai aux remarques suivantes :
Dans les médias, il est beaucoup plus confortable de disserter d’économie que de taper dans le dur sur l’immigration au risque d’écorner son image policée ; mais ce que les électeurs attendent, c’est un discours clair et ferme sur l’immigration et la défense d’une vision charnelle et enracinée de la France.
Il est sans nul doute utile, politiquement et électoralement, de critiquer la mondialisation et les dérives du capitalisme financier. Et la prédation des États-Unis d’Amérique, comme on l’a vu dans les affaires Peugeot, BNP Paribas et Alstom, doit être dénoncée sans relâche. Tout comme il faut promouvoir des relations économiques équilibrées et fondées sur la réciprocité (un exemple parmi d’autres : comment tolérer que les guides américains emmènent leurs clients au mont Blanc alors que les guides français sont interdits d’exercice dans les Rocheuses ?).
En revanche, faire de la sortie de l’euro l’alpha et l’oméga de la politique est sans doute un contresens politique et électoral. Le souverainisme pur et dur, c’est 5 % avec Chevènement (pourtant puissamment soutenu par les médias) en 2002, et 0,5 % avec Asselineau et l’UPR en 2014.
De même, il faut choisir avec soin ses modèles étrangers : l’immigrationnisme gauchiste de SYRIZA est un épouvantail à électeurs modérés pour un bénéfice nul. Le nationalisme conservateur et indépendantiste du Premier ministre hongrois Viktor Orbán est un exemple infiniment plus intéressant.
Enfin, s’il veut réellement conquérir le pouvoir, le FN doit réfléchir au « jour d’après », penser stratégiquement ses priorités et renoncer à des promesses démagogiques qu’il ne pourrait tenir et qui déclencheraient une formidable déception.

L’intégralité de l’entretien sur Boulevard Voltaire

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