L’Association française pour la réduction des risques liés à l’usage des drogues lance ce mercredi une campagne pour montrer que la répression contre les stupéfiants touche de façon disproportionnée les minorités ethniques.
Clip de campagne «Guerre aux drogues, guerre… par liberation
A l’image, on voit l’un après l’autre deux hommes se faire contrôler par la police. Chacun a un joint sur lui. Mais seul l’un des deux est embarqué, sans ménagement, par les forces de l’ordre. Il est noir. L’autre est blanc et peut repartir tranquillement. Cette scène, fictionnelle, compose le clip d’une campagne (1), «Guerre aux drogues, guerre raciale», menée conjointement par l’Association française pour la réduction des risques liés à l’usage des drogues (AFR), le Conseil représentatif des associations noires (Cran), le think tank République & Diversité et Médecins du monde. Pourquoi la police embarque-t-elle seulement l’homme noir ? Parce que le contrôle «part en sucette. Comme beaucoup de jeunes noirs et arabes, il en a marre d’être interpellé. Ça génère un ras-le-bol et forcément ça dérape», explique Olivier Maguet, de Médecins du monde, à l’origine de la campagne.
Pour la première fois en France, des associations proposent d’étudier la question de la lutte contre les drogues à travers le prisme «racial». «Parler de race, c’est peut-être choquant par rapport à notre univers républicain, mais la réalité c’est que la lutte contre les drogues touche de façon disproportionnée les minorités ethniques», note Olivier Maguet. L’AFR lance donc un appel à témoignages pour toutes les personnes qui s’estiment trop interpellées «au prétexte d’une infraction à la loi sur les stupéfiants». L’association ne peut en effet pas se baser sur des statistiques ethniques, interdites en France, contrairement à d’autres pays comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, où associations et citoyens peuvent baser leur réflexion sur ces données….
Libération