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20 Minutes a sollicité l’éclairage du sociologue Michel Wieviorka, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess) pour qu’il “décrypte” les principales mesures du plan contre le racisme et l’antisémitisme dévoilé vendredi par le Premier ministre…

On ne peut pas penser ces questions uniquement dans le cadre de l’Etat-nation français, sans prendre en compte sa place dans le monde et son passé colonial.

La fin du contrôle au faciès et le droit de vote des étrangers, deux promesses de campagne de François Hollande qui avaient suscité beaucoup d’espoir mais sont restées lettre morte. Avant de faire de nouvelles promesses, il faudrait tenir les précédentes.

Quel est selon vous le volet le plus efficace de ce plan ?
C’est une bonne chose que les paroles et les actes racistes relèvent désormais du droit pénal et non plus du droit de la presse. Il faut réguler démocratiquement mais fermement Internet, sur lequel se déversent des discours de haine jusqu’à présent non criminalisés. Il ne s’agit pas d’introduire une censure mais de sanctionner des propos qui le sont déjà sur d’autres supports. En revanche, je suis moins convaincu par ce qui est prévu pour l’école.
Quelles critiques adressez-vous au volet éducatif ?
Je suis mitigé quant à la capacité de l’Etat de renforcer la défense des valeurs de la République, l’égalité, la liberté, la fraternité. Cela me semble même risqué. Lorsque ces discours ne correspondent pas à la réalité, ils deviennent de simples injonctions qui favorisent la radicalisation. Un jeune des quartiers populaires qui se heurte à la discrimination, à l’école ou dans la vie professionnelle, tout en entendant des discours artificiels sur l’égalité des chances, se rappelle ainsi qu’il est exclu de ce système de valeurs.
La volonté de provoquer un «éveil citoyen» est-elle vraiment réaliste ?
Ce plan part du postulat que l’Etat doit et va encourager l’éveil de la société civile sur les questions de racisme. Or ce n’est pas l’Etat qui fabrique les mouvements sociaux, même s’il peut les soutenir. On assiste actuellement à une grande régression. Il y a 30 ans, la création de SOS Racisme ou auparavant l’initiative citoyenne de la marche pour l’égalité et contre le racisme ont déclenché un essor qui est totalement retombé. Le communautarisme et les pulsions racistes s’accroissent et la société est atone quant à sa capacité à réagir à ces questions.
20 minutes

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