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Extraits d’un reportage du Monde sur l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (93) dans lequel le docteur Ghada Hatem, qui a passé sa jeunesse au Liban, a accepté d’être le chef de service dans l’une des plus grandes maternités de France .

Fallait-il surtout qu’elle ait la conviction de pouvoir améliorer les choses dans un établissement souvent décrit comme une « usine à bébés ». De répondre aux besoins spécifiques – et si difficilement exprimés – d’une patientèle aux cultures multiples et aux cent langues et dialectes.

>Dans les différentes salles d’attente, le monde entier semble s’être donné rendez-vous. Femmes voilées (parfois intégralement avec abaya, niqab et gants) et accompagnées d’un mari barbu et visiblement maître à bord ; femmes en boubous, en saris, en jupes gitanes et châles à franges.

Ghada Hatem veut créer un lieu de dialogue. « Il y a urgence ! » dit-elle, car les signes qu’elle observe dans cette banlieue-laboratoire où les femmes se voilent de plus en plus et où les violences persistent ne vont pas dans le bon sens.

«La plupart ne parlent pas ou très peu le français. Elles sont pauvres, souvent isolées, n’ont guère de travail, pas de couverture sociale, pas de logement à elles. Elles n’ont pas bénéficié de suivi médical au gré de leurs pérégrinations et, quand elles viennent accoucher, elle n’ont aucune exigence, à mille lieues des préoccupations actuelles sur la parentalité, le lien à nouer avec le nourrisson, la place du papa, etc. Des raisonnements de riches ! Et pourtant, il faut ouvrir le dialogue, être attentif à leur vécu, répondre à leurs problématiques particulières… » […]

(Illustration de l’article du Monde)

Si vous saviez les histoires derrière ces visages fatigués qui attendent sans broncher, des heures s’il le faut, devant le bureau des admissions. Les parcours de souffrances, les agressions, les tortures, les humiliations. Les viols subis par cette jeune femme tout juste arrivée du Congo ; l’inceste, puis le mariage forcé vécus par cette Camerounaise ; les coups déversés régulièrement sur cette Algérienne qui attend son sixième enfant ; l’isolement de cette tamoule venue de Sri Lanka ; la fuite éperdue de cette famille de Centrafrique ; les deuils abominables qui oppressent cette maman tchétchène ; le drame de cette Irakienne agressée dans un squat. Et puis la dépression de cette adolescente burkinabée, séquestrée par une tante qu’elle était venue rejoindre, la tête pleine de rêves, ou de cette Guinéenne, dont un logeur a confisqué le passeport avant de la contraindre à la prostitution. […] Le Monde

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