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Le choix ne laisse pas d’étonner. Mais que diable va faire François Hollande, ce dimanche 19 avril à 12 h 30, sur le plateau du « Supplément » de Canal+ ? Anticiper le troisième anniversaire de son élection et ainsi prendre de vitesse médias et observateurs en tentant de donner, quelques jours avant le 6 mai 2015, le ton, répond l’Elysée : « L’idée du président est d’en faire un rendez-vous politique sur le fond, dresser le bilan de ce qui a été fait depuis trois ans et montrer les perspectives. Il valait mieux prendre la main en choisissant nous-mêmes le fond, la forme et le tempo. »

Jusque-là, rien que de très classique. Ce qui l’est moins, en revanche, est le vecteur choisi. Après s’être longuement confié en mars au magazine Society, un bimensuel tout juste lancé par les créateurs des magazines So Foot et So Film, François Hollande a pris le parti de récidiver sur un créneau pour le moins inattendu. Un peu à la manière d’un François Mitterrand, qui s’était prêté à une série d’entretiens avec Marguerite Duras dans L’Autre journal en 1986.
L’émission, animée par Maïtena Biraben, sera diffusée en direct, sans coupure publicitaire. Après un reportage réalisé cette semaine dans les coulisses de l’Elysée, et entre plusieurs petits sujets, le chef de l’Etat s’exprimera sur quatre thèmes : le bilan de sa politique et de la « présidence normale » à l’épreuve du pouvoir ; la lutte contre le terrorisme ; la jeunesse et l’engagement, une séquence qui comprendra un face-à-face avec des lycéens et qui permettra à M. Hollande d’expliquer « comment redonner au pays sa fierté, à la jeunesse les clés de son destin » ; la montée du FN et la dénonciation de « la France du repli et du déni ». Des thèmes traditionnels du registre hollandais, donc, mais un choix d’émission qui l’est nettement moins.
Après avoir fêté les deux ans de son élection sur RMC et BFM-TV, y répondant aux questions de Jean-Jacques Bourdin et des auditeurs, puis la mi-mandat sur TF1, le 6 novembre, face à des journalistes et un panel de Français, le chef de l’Etat, qui effectuera le 6 mai un déplacement « symbolique », opte là pour un exercice télévisuel nettement moins populaire et une audience beaucoup plus réduite. Une contre-programmation parfaitement assumée par l’équipe de François Hollande. « Quand le président prend la parole dans les médias, il faut toujours qu’il y ait une dimension inédite, singulière, surprenante, voire exceptionnelle, décrypte un conseiller. Il faut trouver des formats conjuguant solennité et proximité, le curseur pouvant plus ou moins être tourné d’un côté ou de l’autre. »
Force est cependant de constater que le curseur, ces jours-ci, penche résolument vers un créneau particulier : jeune, parisien, branché, voire « bobo ». « La jeunesse reste le fil rouge de ce quinquennat. Il est normal de chercher à se rapprocher de ce public », justifie un conseiller du chef de l’Etat. ..
Le Monde

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