Au lendemain du naufrage de 700 migrants en Méditerranée, les ministres des Affaires étrangères se sont retrouvés lundi matin à Luxembourg. Un sommet européen pourrait dès la fin de la semaine permettre d’évoquer la question du partage équitable du «fardeau» des migrants entre les 28 États membres.
Vingt-quatre heures après le drame de trop, l’Europe se retrouve en catastrophe devant l’alternative qu’elle a longtemps refusée. Sauver beaucoup plus de migrants en Méditerranée, c’est-à-dire accepter des dizaines, voire des centaines de milliers, de réfugiés de plus sur son sol. Ou sacrifier ses idéaux et son image de «puissance bienveillante», en laissant d’autres rafiots surchargés s’enfoncer dans les eaux bleues, au sud de la Sicile.
Un renforcement d’urgence des moyens civils et militaires de sauvetage, près des côtes libyennes parait désormais inévitable, d’après les diplomates. Ce serait faire renaître, sous égide européenne cette fois, l’opération de secours Mare Nostrum à laquelle l’Italie avait dû renoncer l’automne dernier faute de moyens financiers et de soutien dans l’UE: une recherche systématique des rafiots et autres «bateaux de la mort» qui se lancent dans la traversée, des côtes de l’Égypte à celles de la Tunisie.
Il s’agit bien d’une opération de sauvetage à grande échelle, d’une mission qui n’a rien à voir avec la surveillance des frontières maritimes de l’UE confiée, dans les parages de la Sicile, à l’agence européenne Frontex. «Cette fois, les États eux-mêmes vont devoir se mouiller», lâche un ambassadeur citant d’énormes besoins en patrouilleurs, hélicoptères, avions de surveillance maritime et autres navires-hôpitaux. […]
Sur fond de chômage et de xénophobie, la question est sensible, notamment en France. Mais l’effrayant bilan des derniers jours conduit aux révisions. Seul un partage équitable du «fardeau» des migrants entre les 28 États peut faire passer cette pilule politique empoisonnée. Ce sera sans doute l’enjeu d’un sommet européen, s’il a lieu.
Le Figaro