Pour Claude Calame (anthropologue), la politique migratoire de l’UE peut être considérée comme un “crime contre l’humanité”.
En raison de la politique organisée de rejet des migrants et des migrantes menée par l’Union européenne, le nombre des morts en Méditerranée depuis le tournant du siècle dépasse désormais les 22 000. Ne faut-il pas dénoncer un crime contre l’humanité tel que le définissent les conventions internationales que la France a signées ?
Plus de 3 400 migrants morts en Méditerranée en 2014, 300 dans la seule deuxième semaine de février 2015, tel est le dramatique bilan de la politique de fermeture des frontières menée par l’Union européenne (UE), de Ceuta et Melilla en face de Gibraltar, au fleuve Evros, en Grèce du Nord. La France n’échappe pas à cette politique d’érection de murs opposés à migrantes et migrants. Non pas en Méditerranée, mais à Calais. […]
Aux Afghans et aux Irakiens ont maintenant succédé Soudanais, Erythréens et Syriens, dont les pays de l’UE n’acceptent que des contingents extrêmement restreints alors que le Liban accueille plus d’un million de réfugiés. Migrants « illégaux » sans doute, mais dont le seul crime est d’avoir fui des situations extrêmes de guerre ou de répression.
Que fait le gouvernement français ? Le 3 novembre 2014, Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, s’est rendu à Calais. Il y a dit sa volonté de soulager la « détresse des migrants », considérant que c’était un « devoir d’Etat ». Il a signé avec la sous-préfecture de Calais une convention permettant la création d’un centre d’accueil de jour de 400 places. […]
Le Monde