20/04
Pour Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, la diminution de la subvention à l’équipe de football de Mantes-la-Ville est une “attaque à la fraternité”.
Ce vouloir vivre ensemble est développé partout dans les clubs de football. Dans une ville difficile comme Mantes, c’est encore plus important. On comprend que cela dérange un élu frontiste.
Ce sont toujours les pouvoirs les plus répressifs qui s’attaquent à ce facteur d’intégration. En Afghanistan sous les talibans, en Somalie sous les Shebab, on en interdit la pratique. À Mantes-la-Ville, on coupe les vivres pour la rendre plus difficile.
C’est au final un bel hommage que Cyril Nauth, le maire Front national de Mantes-la-Ville, a rendu au FC Mantois, en diminuant de plus de trois quart la subvention municipale (77.000 euros en 2013, 60.500 en 2014, 15.000 en 2015), avant, probablement, de la supprimer l’an prochain.
Cette décision est dans la logique de son parti. Un club qui réunit 1.000 licenciés où races, couleurs, croyances, convictions et milieux sociaux sont mélangés et cohabitent harmonieusement, comme le sont généralement les clubs de football, où les cinquante éducateurs font baisser les tensions, inculquent par l’exemple et le concret des valeurs républicaines et fraternelles aux licenciés, et notamment aux plus jeunes, ne peut pas correspondre à la vision de la société d’un maire Front national. […]
Nouvel obs
Passée l’an dernier sous la gestion du parti FN, Mantes-la-Ville (Yvelines), la première commune d’Ile-de-France à être dirigée par le FN, a décidé de réduire drastiquement les subventions versées à ce club populaire de football. D’autres subventions vont être diminuées ou supprimées : une association de danse orientale, la CGT, Jeunes sans frontières…
Branle-bas de combat au Football club mantois. La formation des Yvelines aura déjà fort à faire face à l’équipe bis du prestigieux Paris-Saint-Germain, samedi 11 avril, dans le cadre du Championnat de France amateur (CFA, 4e division nationale). Mais il y a plus inquiétant encore. A partir de 16 heures, cette rencontre à domicile offrira surtout au club amateur l’occasion d’organiser sa première journée de mobilisation contre la mairie Front national (FN) de Mantes-la-Ville.
Nabil Djellali, l’un des deux coprésidents du FC mantois, commente avec inquiétude la mesure votée lors du conseil municipal du 30 mars : «La mairie de Mantes-la-Ville souhaite notre disparition. Cette décision prise en plein milieu de saison, nous la ressentons comme une volonté de sa part de faire mourir le club. Elle remet tout notre équilibre en question.»
Samedi, Nabil Djellali projette de «prendre la parole à la mi-temps». Un discours en forme de SOS pour informer les supporteurs, mais aussi pour faire appel à leur solidarité.
En 2014, la nouvelle municipalité de Mantes-la-Ville avait déjà fait fondre les subventions annuelles de 77 500 euros à 60 450 euros. Et désormais, pour 2015, ces mêmes subventions se limiteront à un acompte de 15 112 euros. Soit cinq fois moins que la somme fixée en 2013, du temps de la majorité socialiste. Pis encore, ces subventions pourraient tout bonnement disparaître l’an prochain malgré la convention qui lie le club et la ville de 2013 à 2016…
Le maire de Mantes-la-Ville, Cyril Nauth, justifie cette nouvelle répartition en assurant que le montant annuel des subventions peut tout à fait varier d’une année sur l’autre. «La Fédération française de football impose au FC mantois des travaux de restauration pour mettre aux normes le stade, nous allons donc baisser sa subvention à cause de cette dépense ponctuelle qui va déjà nous faire sortir un chèque de 240 000 euros», explique au Monde l’élu Front national de 33 ans. […]
Dans les rangs du FC mantois, des joueurs de toutes origines et de confessions différentes se mêlent. Fier de cette diversité, Robert Mendy pense qu’elle pourrait également le desservir auprès de la mairie mantevilloise : «Notre club est multiculturel, mais selon des témoignages, certains membres du conseil municipal auraient parlé de nous comme d’un club communautaire. Nous vivons une situation de discrimination, parce que la population de notre club n’est pas du tout à l’image de ceux qui dirigent Mantes-la-Ville. D’ailleurs, on remarque que beaucoup d’associations ciblées ont des connotations étrangères…» […]
Le Monde