Schlumberger va supprimer 11.000 postes dans le monde.
La crise qui touche de plein fouet le secteur des services pétroliers monte d’un cran. C’est le message envoyé par Schlumberger lors de la présentation de ses résultats du premiertrimestre, en fin de semaine dernière : le géant franco-américain a annoncé la suppression de 11.000 emplois supplémentaires, qui viendront s’ajouter aux 9.000 suppressions annoncées en janvier. Au total, le groupe va se séparer de 15 % de son effectif global.
« La chute brutale de l’activité, en particulier en Amérique du Nord, veut que nous prenions des mesures additionnelles », a commenté le CEO du groupe, Paal Kibsgaard. « Nous pensons que le redressement de l’activité de forage aux Etats-Unis prendra du temps. » En outre, ce redressement « ne permettra pas de revenir aux niveaux précédents, loin de là, ce qui prolongera la période de prix bas », a-t-il poursuivi.
Le secteur subit la contraction des budgets des compagnies pétrolières clientes, liée à la chute du prix du pétrole de plus de 50 % depuis juin 2014. Ces dernières se sont engagées dans des plans d’économies, réduisant leurs investissements, et notamment leurs budgets d’exploration. Celles qui exploitent le pétrole de schiste américain ont de même levé le pied sur les forages.
« L’annonce de Schlumberger est plutôt mauvais signe pour le secteur. On peut s’attendre à ce que d’autres suivent, même si le groupe souffre particulièrement de son exposition aux hydrocarbures de schiste aux Etats-Unis », note Alain Parent, analyste chez Natixis. Schlumberger estime que les dépenses d’exploration-production des compagnies baisseront de 15 % dans le monde en 2015, et de 30 % en Amérique du Nord.
100.000 suppressions d’emploi selon une étude
En janvier, le numéro trois du secteur, Baker Hughes, avait déjà dévoilé 7.000 suppressions de poste, quelques semaines après l’annonce de son rachat par le numéro deux, Halliburton. « Les norvégiens TGS et Akastor viennent de même tous deux d’annoncer des réductions d’effectifs », note Alain Parent. Selon une étude du cabinet de consultants de Houston Graves & Co, citée par le « Wall Street Journal », 100.000 suppressions d’emploi ont été annoncées dans l’industrie pétrolière ces derniers mois, en majorité dans les sociétés de services et de forage.
En France, la société spécialisée dans la sismique CGG a déjà procédé à plus de 1.500 suppressions de poste (sur environ 10.000). Le spécialiste des tubes sans soudure Vallourec, très exposé aux schistes américains, a lui aussi lancé un plan de réduction de ses effectifs, de 1.400 postes sur 21.000. Technip, dont le carnet de commandes reste solide, a pour l’instant échappé au mouvement. Mais il a souligné, lors des résultats annuels, qu’il bénéficiait d’une certaine flexibilité puisque les salariés contractuels représentent 15 % de ses effectifs.
Le secteur pourrait subir un nouveau coup dur si Petrobras décide de réduire ses investissements de 20 %, comme l’affirme Reuters. Empêtré dans un scandale de corruption, le géant brésilien a engagé un énorme programme de développement de ses ressources offshore, et il avait prévu de dépenser 220 milliards de dollars sur la période 2015-2019. Technip et Vallourec figurent parmi ses fournisseurs importants.