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Aujourd’hui la France est confrontée à une situation de guerre de «basse intensité», y compris sur son territoire : elle combat Daech au Moyen-Orient par sa participation à la coalition aérienne internationale, lutte contre l’islamisme au Mali mais est également confrontée à des attaques sur son sol, comme d’autres pays européens. Les islamistes radicaux appellent ainsi très régulièrement sur internet à des actions sur le «territoire des croisés», c’est-à-dire chez nous. Il arrive, et il arrivera encore en France les agressions qui se produisent également ailleurs (Danemark, Belgique, Tunisie…).

Il ne s’agit donc pas d’une guerre comme notre pays a pu le connaître au siècle dernier, avec des armées en uniforme, des déplacements de populations et de grandes batailles, mais de la présence d’une forme d’insécurité permanente dans un pays où chacun continue à vivre à peu près normalement, mais où des attaques ponctuelles peuvent survenir à tout endroit et à tout moment.
À cet égard, le fait que ce soit une église, un dimanche matin à l’heure de la messe, qui ait été choisie pour cible dans l’attentat qui vient d’être déjoué est révélateur de cette évolution du conflit au sein même de notre pays.
La France est confrontée à l’islam radical et à la présence d’islamistes extrémistes depuis plusieurs décennies. En revanche, l’ampleur du phénomène et son intégration dans une guerre internationale de conquête menée au nom de l’islam est une nouveauté qui remonte à environ trois ans. Le fait que des individus décident désormais -soit à l’instigation d’une organisation internationale, soit de leur propre initiative mais à l’appel de personnes influentes de leur entourage ou encore de vidéos de propagande- d’aller attaquer avec des fusils d’assaut des lieux symboliques de notre civilisation sur notre propre territoire est une des facettes inédites de ce phénomène, qui rend le travail des services de sécurité extrêmement compliqué.
Les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher sont la première traduction concrète de cette évolution, même si la toute première attaque reste celle de Joué-lès-Tours en décembre. Il est ainsi certain que ces attentats marquent le début d’un état de guerre latente. Le patron de la DGSE a d’ailleurs indiqué ce mardi qu’il y avait eu six importants attentats déjoués depuis le mois de janvier… Dans le même temps, le gouvernement a procédé dès janvier à de très nombreuses interpellations préventives. Si l’on considère le fait que ces personnes vont sortir de prison un jour ou l’autre, que de nombreux combattants partis faire le djihad reviennent et que d’autres se radicalisent sans partir, cela signifie que le nombre d’individus -français ou résidant en France- susceptibles de nous attaquer augmente continuellement.
L’importance du nombre de djihadistes français ainsi concernés -au minimum évalués à plusieurs milliers, qu’ils aient ou non quitté le territoire-, et la poussée d’un islam radical politique qui est dans une logique de conquête, conduit à conclure cette situation va nécessairement durer plusieurs années.
Les conséquences seront complexes à gérer pour notre cohésion sociale déjà fragilisée par un communautarisme beaucoup plus profond que beaucoup ne le pensent, ou n’osent l’admettre. Les suites des attentats de janvier (manifestations dans les écoles ou sur le réseaux sociaux) ont ainsi souligné la présence d’un certain nombre de personnes qui, en France, éprouvent à minima une sympathie réelle envers les islamistes radicaux.
La capacité de résilience de chacun sera essentielle si, comme il est permis de le craindre, notre pays est frappé par des attentats majeurs dans les mois qui viennent. […] Source

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