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Pour réhabiliter une cuisine française fière de ses racines, pourfendre l’imbécillité alimentaire et dégommer les collabos de la sous-bouffe mondialisée, notre camarade Périco a dégainé la fourchette et l’humour. Son dictionnaire impertinent de la gastronomie est dans toutes les bonnes librairies. Extraits.

Périco Légasse – Marianne

Enracinée – Cuisine suspecte

La racine fige et, on le sait bien, tout ce qui est figé incite à l’archaïsme et au conservatisme. Ainsi les plats de terroir sont-ils suspects de favoriser les idées de droite, autant que la cuisine régionale, confinée dans son territoire, incite au rejet de l’autre et au repli sur soi. Il est clair que la bouillabaisse vote Front national, que la choucroute a des relents xénophobes, que la potée auvergnate enclave les esprits et que le cassoulet fleure bon le nationalisme.

Aussi, plus aucun de ces plats, parmi l’immense répertoire des spécialités locales, n’est proposé sur les cartes des restaurants officiellement reconnus d’utilité gastronomique, c’est-à-dire désignés comme tels par les guides ou la critique dominante. Les seuls cas où le phénomène se produit, c’est lorsque ladite préparation est «revisitée», c’est-à-dire lavée de tout soupçon. On pasteurise aussi les esprits.

Plat pour le peuple

Curieuse évolution de ce mot que l’on retrouve dans les plats oubliés comme le bœuf en daube ou la daube à la provençale, préparations traditionnelles et populaires consistant à laisser mijoter une viande dans une sauce à base de vin rouge.

Parler de daube pour dénoncer un produit ou un travail de mauvaise qualité équivaut donc un peu à assimiler ce que mange le peuple à de la merde.

Il est vrai que ni le Guide Michelin ni Gault-Millau n’ont accordé la moindre étoile ou la moindre toque à un cuisinier proposant de la daube à sa carte. Sauf lorsqu’elle est moléculaire.

Lire le premier chapitre.

Couscous

Cassoulet oriental
On a vu plus tôt que le cassoulet était l’enfant du couscous.

Une théorie probable n’ayant cependant ni témoin historique ni thèse du CNRS pour l’étayer. Et d’ailleurs, qu’importe, l’essentiel étant que chaque spécialité soit préservée, quelle que soit son origine, et que chaque origine soit respectée, quelle que soit la spécialité concernée.

Tout cela pour nous rappeler que la gastronomie est plurielle, faite de générosité et de partage, autant que de considération pour ceux qui la font vivre à travers des recettes ancestrales. On parle de choc des civilisations, de conflit des cultures.

Marianne

Il est journaliste, il est critique gastronomique. Il célèbre les produits du terroirs à partir desquels est élaborée une cuisine régionale, traditionnelle que d’autres qualifient de franchouillarde ou de réactionnaire.. Aujourd’hui, il publie chez François Bourin un dictionnaire impertinent de la gastronomie qui ne va pas lui valoir que des amis.

Le Tête-à-tête par Frédéric Taddeï

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