Article de Béchir Bouderbala, étudiant en droit et contributeur au Nouvel Obs, sur le thème “Nos différences sont des forces pour la France”… dans lequel il s’étonne que son prénom, Béchir, ne soit pas perçu comme un prénom français.
Le fait de ne pas être d’origine française ne fait pas de nous des Français au rabais, mais au contraire des “Franco-plus”, comme l’explique Sakina M’sa. Ne les laissons plus ouvrir cette boite de Pandore sémantique, ils veulent défaire la France mais nous sommes la France.
Il y a quelques temps, notre contributeur Béchir Bouderbala a demandé à une de ses collègues “d’où elle venait“. Si sa réaction l’a surpris, il s’est aussi rendu compte de l’ambiguïté de sa question. À cette occasion, il nous livre sa réflexion sur les préjugés et la hiérarchisation des individus en France.
Après les échanges de courtoisie, je lui ai demandé de manière automatique et un peu bête : “Mais toi, d’où tu viens ?” À la seconde où elle entend cette phrase, son sourire s’efface, elle semble interloquée, presque outrée et rétorque sans un certain mépris : “Bah, de France.”
Le ton est froid, presque glacial. Comprenant donc le malaise engendré par la question, je corrige le tir : “Je veux dire, tu es de quelle origine ?” Et cette fois, elle me regarde l’air amusé : “Ah… mes parents sont togolais !” […]
Une autre fois, à l’occasion d’une visite de bénévole dans une maison de retraite (que les locaux du XVIe à Paris connaissent très bien), je me souviens d’une vieille dame qui semblait de prime abord très bienveillante. Et l’une des premières questions qu’elle me posa fut : “D’où venez-vous ?”
Ma réaction à l’époque fut la même que celle de ma collègue. Sauf qu’à sa différence cette fois, l’interrogatrice a ajouté avec dédain : “Mais enfin, ‘Béchir’, ce n’est pas français tout de même !” […]
Nouvel Obs