La famille d’Agnès Marin, violée et assassinée en novembre 2011 dans un collège privé du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), demande des comptes à la juge d’instruction qui avait autorisé la sortie de prison du criminel avant le drame.
La famille d’Agnès Marin, violée et assassinée de 17 coups de couteau en novembre 2011 dans un collège privé du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), vient de saisir le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Le père, la mère et les grands-parents paternels de la victime estiment, en effet, qu’une juge d’instruction de Nîmes, en charge d’une précédente affaire concernant le criminel, Mathieu, mineur au moment des faits, a fait preuve de légèreté en le remettant en liberté. Une erreur d’appréciation qui mérite, à leurs yeux, une sanction disciplinaire.
En octobre 2014, Mathieu a été condamné définitivement à la réclusion criminelle à perpétuité. Il avait comparu à la fois pour l’assassinat d’Agnès, dont il avait partiellement brûlé le corps, et pour le viol d’une autre jeune fille, commis dans le Gard quelques mois auparavant. C’est à la suite de ce premier crime qu’il avait été placé en détention provisoire. Bien que ce viol ait été prémédité, et même scénarisé selon un rituel très inhabituel, surtout pour un individu de son âge, un expert psychiatre désigné par la juge d’instruction avait affirmé sans détour que le sujet ne présentait aucune dangerosité. Ses parents avaient, eux, fini par trouver un établissement scolaire qui accepte un adolescent au profil inquiétant. De sorte que la magistrate avait autorisé la sortie de prison de Mathieu.
Dans le courrier adressé au CSM, que Le Figaro a pu consulter, la famille Marin s’appuie largement sur le réquisitoire prononcé, en première instance, par l’avocat général Jeanne-Marie Vermeulin, devant la cour et les jurés du Puy-en-Velay. Celle-ci, sans accabler explicitement sa collègue nîmoise mais pointant le suivi défaillant de Mathieu après sa mise en liberté, avait notamment déclaré, selon les notes prises par les parties civiles: «Les faits du Chambon auraient-ils pu être évités? Je me sens totalement solidaire de mes collègues car je sais combien la décision est solitaire et combien ses enjeux sont complexes. Mais je ne peux pour autant me dérober à l’examen lucide de ce dossier.
«Qui a permis à Mathieu Moulinas d’être livré à lui – même dans une ‘réserve de trente filles’ comme a dit un témoin ? Cet examen, je le dois à cette famille blessée, à cet accusé peut-être mal protégé, à une institution dont la place dans la société est majeure et qui a le devoir de l’assumer de manière exigeante et responsable».
L’expertise psychiatrique confiée au docteur Claude Aiguesvives a exclu toute dangerosité de l’adolescent: je reproche à cet expert un avis lapidaire et trompeur dans sa formulation. Le premier viol porte le sceau d’un fonctionnement pervers. […] «Il y a des décisions qui demandent un minimum de temps et d’attention. L’inscription de Mathieu au Cévenol est une injure au bon sens.» » […]
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