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Selon des informations que Le Télégramme a obtenues, une quinzaine de Bretons sont partis en Syrie ou en Irak depuis 2014. Dans la région, plus de 110 cas de radicalisation et/ou de candidats au jihad ont également été signalés depuis mai 2014. Les services de renseignement sont débordés.
Une garde à vue toutes les trente heures en moyenne en France. Depuis le début de l’année, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) multiplie les procédures judiciaires à l’encontre de personnes suspectées de liens avec des réseaux terroristes islamistes. Depuis janvier 2014, 1.605 Français ou résidents français ont été “impliqués” dans des filières jihadistes. Un chiffre multiplié par trois en seize mois. Selon le dernier décompte officiel, plus de 800 se sont rendus en Syrie ou en Irak. Parmi eux il y aurait une quinzaine de Bretons, soit près de 2 % des effectifs français. Aucun ne figurerait parmi les 99 jihadistes français tués en Syrie ou en Irak. […] “C’est très tendu”
Pour la Zone de Défense-ouest (Bretagne, Pays-de-la-Loire, Basse et Haute-Normandie, Centre), une soixantaine de départs ont été enregistrés. “La région Centre est la plus impactée, notamment Orléans, Montargis, Chartres et Dreux. La Seine-Maritime aussi”, précise une autre source. Depuis la mise en place d’une plateforme de signalements anti-jihad, fin avril 2014, 3.786 cas ont été rapportés en France, dont plus de 110 pour la Bretagne. “Il y a de plus en plus de signalements fantaisistes, relativise un haut fonctionnaire. Des règlements de comptes conjugaux ou des mauvaises interprétations, dans le style : “Mon fils s’est converti à l’islam, il ne mange plus de porc et il fait cinq prières par jour…” Cela n’a évidemment rien de radical, c’est juste l’application des préceptes de base de l’islam.”
Près de 70 dossiers suivis
Face à cet afflux de signalements, les services de renseignement, qui suivraient actuellement près de 70 dossiers en Bretagne, sont débordés. “Toutes les vérifications prennent un temps fou. On n’y arrive plus malgré les journées de dix-douze heures, voire plus. C’est très tendu”, confirme une source. Le Finistère semble être le département le plus affecté, avec six à huit départs pour le jihad enregistrés depuis 2014, une trentaine de suivis en cours, dont une douzaine jugés “sérieux”. Parmi ces derniers, deux à trois sont qualifiés de “très inquiétants”. Les autres départements seraient moins touchés : Ille-et-Vilaine (moins d’une vingtaine de dossiers suivis), Côtes-d’Armor et Morbihan (une dizaine chacun). À l’échelle de la région, une vingtaine de cas sont jugés “sérieux”, dont sept à huit concernent des détenus. Tous services confondus, une quarantaine de dossiers seraient actuellement en cours d’investigation ou en voie de judiciarisation.
Trois jeunes couples et leurs enfants
Le profil de ces Bretons ? “Il n’y en a pas, tranche un habitué de ces dossiers. Nous avons des médecins, des ingénieurs, des chômeurs, des voyous… Le seul lien commun, pour 80 % d’entre eux, c’est la consultation de sites radicaux islamistes.” “Mais l’idée selon laquelle tout commence par internet est une bêtise, précise une source antiterroriste. Même s’il y a quelques cas d’autoradicalisation, le basculement commence toujours dans le monde réel : par un contact avec un ami, une relation de travail, de loisirs, un voisin, un(e) petit(e) ami(e)…” Il n’y aurait pas ou peu de “filières” jihadistes organisées. “Il y a plutôt des gens qui s’organisent pour partir”, précise une autre source. L’un des derniers exemples en date : au Mans, début mars, un homme est venu signaler la disparition, quinze jours plus tôt, d’une dizaine de membres de sa famille, trois jeunes couples et leurs enfants âgés d’un à dix ans. Tous partis en Syrie, via la Turquie. Un départ peut en susciter d’autres et faire tache d’huile. “On a des petits foyers un peu partout en France. Il suffit d’une mosquée très salafisée ou de fratries très actives”, indique la même source. C’est le cas de figure d’une ville bretonne de taille modeste. Plusieurs départs y ont été observés. Tous se sont produits au sein de deux familles de convertis très radicalisés.


Le Télégramme

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