Michel de Kemmeter, référence de l’économie systémique en Belgique, et spécialiste en transition économique, nous invite à plonger dans de nouvelles dimensions de l’économie et de la société.
Les générations Z et Alpha ont tendance à lâcher leurs racines. Culturelles, historiques, terre natale, familiales. Elles ne les connaissent plus. Le 20ième siècle est « has been ». On voyage, on étudie à l’étranger, on change de religion, on se marie entre cultures, on déménage de continent. Sauf que… les racines font la puissance. Comme l’arbre. L’ancrage fait le sentiment de sécurité, la confiance en soi. Ce qui permet de rester droit, vertical, quand l’adversité passe par là.
Si on ne connaît pas d’où on vient, si nous ne connaissons pas nos origines, difficile de construire du nouveau, de porter un fruit sain. Et c’est pareil pour une entreprise, ainsi que pour une société tout entière.
Vos ascendants familiaux : que faisaient-ils comme métier, qu’avaient-ils comme passions ? Car ces excellences – dormantes parfois – coulent déjà dans vos veines.
Votre terre natale : certains peuples plus que d’autres, ont un attachement puissant à leur terre, un affectif qui nourrit, qui ancre. Un globe-trotteur a difficile à s’ancrer dans sa puissance car toujours en mouvement, comme une plante en pot. Aimer sa terre, s’y promener, s’y connecter, offre une puissance. C’est en allant ailleurs qu’on apprécie la sienne. S’attacher à sa terre nous invite aussi à en prendre soin.
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Notre religion d’origine aussi nous conditionne, qu’on le veuille ou non. Leurs dogmes sont la trame de notre comportement, et parfois revenir à ses valeurs de base spirituelles peut nous offrir une nouvelle puissance. S’arrêter au dogme aveugle, sans remise en question, nous pousse parfois dans un intégrisme qui ferme au progrès.
Nos histoires personnelles, ses épreuves et joies, ses rêves et passions, ses aspirations et ambitions, ses souffrances et épanouissements, sont à cartographier, à mettre en perspective par rapport à qui nous sommes aujourd’hui et à ce que nous voulons signifier pour le monde. Chaque rêve est inspiré et amène de la vie. Chaque épreuve est une initiation qui demande à nous ouvrir sur une facette de nous-même. C’est en se connectant à nos racines, à notre lien à la terre, que la vraie confiance peut naître.
Lorsque nous travaillons avec des dirigeants, à chaque fois, nous allons chercher ce qui a motivé le créateur de cette entreprise à la démarrer. L’impulsion d’origine du démarrage de l’entreprise est une racine profonde et puissante, qui demande de s’y connecter.
Et finalement, notre système économique… si nous voulons le réinventer, le durabiliser, il faut absolument connaître son histoire. C’est en comprenant comment nous avons été conditionnés psychologiquement, et en se connectant à ce qui importe réellement dans cette époque, que nous pourrons penser à long terme et activer une nouvelle créativité d’innovation au service du progrès collectif.
Le Soir