Une église baroque désaffectée [Il s’agit de l’église de Santa Maria della Misericordia] a été convertie en mosquée à Venise, lors de la Biennale d’art contemporain. Le site musulman oumma s’étonne de la polémique que cette “initiative artistique” a suscité et rappelle qu’il n’y aucune mosquée dans la cité des Doges…
Pour marquer de son empreinte iconoclaste sa performance artistique, il lui fallait aller jusqu’à organiser un office religieux, confié à un véritable imam, au sein de sa mosquée éphémère dans laquelle se sont pressés de nombreux musulmans de l’agglomération, lesquels souhaiteraient vivement qu’elle s’installe désormais dans le paysage et ne referme plus jamais ses portes.
En fait d’émotion, c’est un vif émoi que suscite actuellement, à Venise, l’audacieux artiste Christophe Büchel, 48 ans, dont la conversion d’une église baroque désaffectée en mosquée, au cœur d’une cité des Doges qui n’en compte aucune, a inauguré en fanfare la Biennale d’art contemporain.
Abritant le pavillon officiel de l’Islande dont il est un ressortissant débordant de créativité, cette mosquée née de son imagination, et en tout point unique dans la ville aux innombrables clochers, ne laisse personne indifférent, frappant les esprits, voire les commotionnant fortement, notamment ceux des plus hautes autorités vénitiennes… […]
Christophe Büchel voulait faire sens en mettant en pleine lumière l’absence de mosquée dans le centre historique de la Cité des Doges, là où, naguère, l’influence de l’islam fut prégnante, mais c’est la controverse passionnelle qui a une fois encore pris le dessus, l’Italie n’échappant pas au retour en force du nationalisme néo-fascisant, qui résonne des harangues électrisantes du mouvement islamophobe et xénophobe de la Ligue du Nord.
oumma
Extraits de l’article de l’observatoire de la christianophobie
On y a installé un mirhab pour cacher un grand crucifix, sur les murs des panonceaux avec des citations du coran et un grand tapis de prière orienté vers La Mecque. On a pu lire, d’ailleurs, à l’entrée du sanctuaire un panonceau annonçant : « Prière du Fajr (de l’aube) à 4 h ». Les musulmans s’y pressent pour les cinq prières rituelles de la journée…
Certes, le culte catholique n’est plus célébré dans cette église depuis 1973, mais elle n’a pas été déconsacrée par le patriarcat de Venise et demeure donc un lieu sacré catholique même s’il n’appartient plus à l’Église. Alerté de cette incongruité, le Patriarcat de Venise à publié, le 8 mai, un communiqué mesuré mais ferme : « Pour toute utilisation autre que le culte catholique, on doit demander la permission de l’autorité ecclésiastique, indépendamment de savoir à qui le lieu appartient. L’autorisation d’utilisation de ce site particulier, n’a jamais été ni demandée ni accordée. En février dernier, il avait déjà été demandé au Patriarcat de Venise des autorisations d’utiliser d’autres édifices sacrés de la ville pour des installations [dans le cadre de festival artistique] : ces autorisations n’ont pas été données pour les mêmes raisons qui sont aujourd’hui confirmées ». De son côté, la commune de Venise a précisé qu’elle n’avait pas donnée son autorisation pour l’ouverture d’un lieu de culte, mais uniquement pour une exposition. La Préfecture de police de la Sérénissime a été, elle, saisie de plaintes de visiteurs qui ont eu des algarades avec les responsables musulmans qui exigeaient qu’ils se déchaussent pour visiter le lieu…
christianophobie