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Najat Vallaud-Belkacem

[…] La réforme du collège portée par la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, est accusée de sacrifier l’enseignement de l’allemand et des langues anciennes, et de pervertir les programmes d’histoire.
[…] les pourfendeurs de la réforme ne s’intéressent pas au détail des mesures. Ils sont surtout animés par un élitisme conservateur. Celui-ci s’illustre, en particulier, dans leur défense de l’enseignement du latin. Ils dramatisent ce symbole, comme si le socle de nos vertus civiques reposait sur la déclinaison latine, et comme si la bonne pratique de notre langue dépendait de la capacité de chacun de traduire dix lignes de Cicéron. Mais, si tel était le cas, il faudrait imposer l’apprentissage du latin à tous les élèves ! Ce que personne ne propose. En réalité, le latin n’est pas défendu pour ses vertus propres, mais pour ce à quoi il sert en pratique : l’identification et la sélection des bons élèves. Le choix de l’allemand comme première langue vivante ainsi que les classes bilangues ont souvent eu la même fonction, du reste : ils ont servi à constituer des classes de niveau à l’intérieur d’un collège prétendu unique. […] En réalité, l’élitisme des adversaires de la réforme ne sert qu’en apparence la cause de l’allemand et du latin. Car, quoiqu’ils s’en défendent, il consiste surtout à mettre le conservatisme culturel au service de l’utilitarisme le plus plat. Ils se font ainsi les alliés ou les idiots utiles d’un esprit de compétition qui n’est guère animé par l’amour des grandes œuvres de l’Antiquité ou le goût de l’amitié franco-allemande, mais le plus souvent par le simple désir d’entre-soi des élites.
A cet élitisme conservateur s’ajoutent les peurs identitaires de ceux qui fustigent le dévoiement des programmes d’histoire. Car ce qu’ils redoutent est l’ensevelissement de l’identité française sous la repentance postcoloniale, l’ouverture à l’islam et le culte des pages les plus sombres de notre histoire… Outre qu’elles sont souvent infondées, comme on l’a vu, ces attaques traduisent une étrange conception de l’enseignement de l’histoire. […] [Signataires de la tribune : ] Maya Akkari (responsable du pôle Education du think tank Terra Nova), Christian Baudelot (sociologue), Laurent Bigorgne (directeur du think tank Institut Montaigne), Anne-Marie Chartier (historienne), Roger Establet (sociologue), François Dubet (sociologue), Dominique Julia (historien), Marc-Olivier Padis (directeur de la rédaction de la revue « Esprit »), Antoine Prost (historien), Thierry Pech (directeur général de Terra Nova) et Benjamin Stora (historien).
Le Monde

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