Extraits de l’éditorial de Jean-Pierre Denis, Directeur de la rédaction de l’hebdomadaire catholique La Vie, sur les arrivées massives de clandestins en Méditerranée.
Un jour, il faudra bien oser employer de nouveau deux mots tabous : «régularisation» et «intégration». Il faudra bien incorporer les nouveaux venus à notre fabrique nationale et à notre héritage européen.
On a beaucoup reproché à l’Union européenne sa passivité face à la crise migratoire. Soyons justes : les choses changent. Le doublement des moyens financiers dans le cadre de l’opération Triton, décidé le 23 avril lors de la réunion extraordinaire du Conseil européen, apparaît comme un geste positif, quoique largement insuffisant. Le sauvetage des naufragés en Méditerranée reste un devoir absolu. […] En attendant des jours meilleurs, que faire des personnes qui sont chez nous ? Quel sens peut bien avoir une politique qui consiste à sauver des noyés pour traquer ensuite des sans-papiers ?
Au moment où le Parlement français débat de la réforme d’un système d’octroi du droit d’asile en perdition, il faut avoir le courage de le dire : on ne fera pas repartir les migrants vers leur pays natal.
Qui peut penser une seconde que l’on organisera un pont aérien de vols retours vers la Syrie, l’Érythrée ou la Somalie et même vers des pays en paix ? Dans la réalité, à moins d’employer des moyens d’une extrême brutalité, seule une petite fraction de ces populations sera réellement reconduite. Enfermer des familles dans des camps, faire de la demande d’asile une procédure aléatoire, humiliante et kafkaïenne, arrêter des malchanceux ou vider des bâtiments publics squattés ne sert à rien. La solution faussement ferme consistant à fabriquer des clandestins en refusant d’octroyer des titres de séjour n’aboutit qu’à une illusion d’optique. […] La Vie