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Bijoutiers, pharmaciens, cafetiers… De plus en plus de commerçants refusent d’obtempérer lors des braquages. Certains, armés, n’hésitent plus à ouvrir le feu pour leur propre sécurité et pour préserver leurs biens. Témoignages de ceux qui contre-attaquent.
En mars 2012, quatre individus lourdement armés tentent de braquer la bijouterie Sence, à Comines. Michel Sence n’hésite pas à ouvrir le feu à coups de fusil à pompe, en l’air et sur la voiture des braqueurs prenant la fuite.
“J’étais seul à l’arrière mais je le voyais grâce à la caméra. Après être entré, il a mis sa capuche. J’ai tout de suite compris. Et j’ai vu que trois autres individus cagoulés attendaient dehors. Celui qui venait d’entrer avait laissé la porte ouverte.” Michel Sence s’empare alors de son fusil à pompe et prend alors le braqueur à revers. “Je voulais me dégager d’une situation dangereuse. Ca a duré quelques secondes en tout et pour tout. Je n’ai pas tiré n’importe où. Je savais ce que je faisais. Il n’est plus question de se laisser piller. Les quatre malfrats qui sont venus m’attaquer, ce n’était pas des amateurs. Je les ai empêchés d’aller plus loin. Le braquage, on y pense tous les jours, c’est une pression permanente. Je prends tout un tas de précautions au quotidien. On est bien obligés de s’adapter. C’est comme ça ou on n’a plus d’assurance.”

“Celui qui braque doit savoir qu’il prend des risques. Il n’est plus question de se laisser piller.”

Pascal Leroy, 50 ans, cafetier aux Phalempins à Tourcoing, a quant à lui ouvert le feu dans son café, le 22 janvier 2014. “Je ne conçois pas que quelqu’un qui ne travaille pas vienne se servir dans la caisse. Celui qui veut de l’argent, il n’a qu’à travailler, comme tout le monde. On tient nos établissements du matin au soir, ça n’est pas pour se faire piller. Ce jour-là, j’ai vu un individu entrer avec une arme à la main. Je n’ai pas cherché à comprendre, je suis immédiatement allé chercher mon arme. Je suis revenu et j’ai tiré dans le sol. Le braqueur a pris la fuite. Je ne suis pas un cowboy. Je n’ai pas tiré n’importe où. Si j’avais blessé un braqueur, j’aurais eu des remords, mais il est normal que l’on puisse se défendre. Celui qui braque doit savoir qu’il prend des risques. On ne peut pas se laisser faire. On fait trop d’heures pour qu’en cinq minutes, le fruit de notre travail disparaisse.”
[…]

Ce que dit la loi

L’article 122-5 du code pénal encadre la légitime défense :
“N’est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d’elle-même ou d’autrui, sauf s’il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l’atteinte. N’est pas pénalement responsable la personne qui, pour interrompre l’exécution d’un crime ou d’un délit contre un bien, accomplit un acte de défense, autre qu’un homicide volontaire, lorsque cet acte est strictement nécessaire au but poursuivi dès lors que les moyens employés sont proportionnés à la gravité de l’infraction.”
Lorsque la riposte est disproportionnée par rapport à l’agression, la “victime” est généralement condamnée.
La voix du nord

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